1. La nouvelle année


    Datte: 30/03/2019, Catégories: nonéro, portrait,

    ... ne disait rien, mais il écoutait attentivement Hervé et Jacques parler de lui, comme s’il n’était pas là. Il retrouvait ses amis et, dans sa poitrine, il sentait son cœur battre, comme autrefois. Il était heureux. Il sentait la chaleur de l’amitié l’envelopper de nouveau, comme lorsqu’ils étaient jeunes et insouciants. C’était bon d’avoir chez lui cette femme qu’il aimait, c’est vrai, tendrement, et ce soir, ses amis retrouvés. Le feu s’éteignait doucement. Il frissonna. Ne sachant pas si c’était de froid ou d’émotion, il rajouta, dans le doute, un peu de bois dans le barbecue. — En fait, poursuivit Jacques, tout ça, ce ne sont que des mots. Je crois aux sentiments que l’on ressent bien davantage qu’aux analyses que je peux faire, forcément toujours partiales et incomplètes. Pour en terminer avec moi, je dirais que je n’ai pas encore ressenti d’émotion amoureuse véritable et durable avec une personne du sexe opposé. C’est tout. Donc, je suis encore célibataire. Toi Hervé, par contre, j’ai bien aimé ce que tu as dit de ta rencontre avec Cécilia et comment tu as évolué ensuite. Reste notre ami Fabrice qui ne pipe mot depuis trop longtemps et qui ne m’a pas encore coupé dans mes élucubrations. Ce qui est à souligner. Serais tu malade ou endormi Fab ?…— T’es con, Jacques ! Tu parles toujours trop. Quand on te lance, tu ne sais pas t’arrêter et il en faut peu pour te faire démarrer. Tu n’as pas changé, dit Fabrice avec un sourire crispé.— Tiens, tiens ! dit Jacques. Fabrice ...
    ... ferait-il la gueule ?— Moi, je ne cherche pas à comprendre, monsieur le philosophe. Moi, je vis au jour le jour. J’aime mon travail, ma femme, mon fiston, et puis c’est tout.— Aurais-tu brusquement l’alcool agressif, Fabrice ? demanda Hervé— Pourquoi tu dis ça ? Je ne suis pas agressif. Fabrice posa son verre de champagne sur le rebord du barbecue et s’éloigna. — Qu’est-ce qui lui prend ? demanda Hervé en se tournant vers Jacques.— Je ne sais pas, répondit celui-ci. Peut-être quelque chose que l’on a dit l’a froissé. Fabrice n’a jamais aimé les discussions sérieuses, tu le sais bien. Il ne s’y sent pas à l’aise. Et ce soir, peut-être a-t-il pensé, en nous écoutant, à quelque chose qui l’a perturbé. Toi, Mathieu qui le connais bien, qu’en penses-tu ?— Je ne sais pas. Il a des problèmes, répondit ce dernier— Quel genre de problème ?— Sa femme n’a pas été acceptée par sa famille. Et ça le mine, par rapport au petit.— Ah bon ? Pourquoi ?— Je ne sais pas. Je n’en parle pas… C’est difficile de parler avec Fabrice. Il se ferme comme une huître lorsqu’on tente d’évoquer des sentiments trop personnels. Mais je sais qu’il y pense souvent. Je le vois bien. Alors il se renferme en lui-même et il est malheureux. Il ne fallait pas compter sur Mathieu pour expliquer davantage. Déjà, il en avait beaucoup dit. Hervé et Jacques se turent et chacun des trois amis finit son verre en silence en fixant les braises. Ils rentrèrent. Ils devaient passer la nuit dans la grande maison de Mathieu et repartir ...
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