1. Lettre d'amour tardive


    Datte: 01/04/2019, Catégories: fh, inconnu, amour, humilié(e), cérébral, pénétratio, lettre,

    Je sais que tu ne veux rien savoir de moi, et tu as raison, je sais que tu ne me connais plus et que tu souhaites ne jamais m’avoir connue. Je sais que si je te disais « je t’aime », tu me frapperais. Je sais que si je t’offrais un sourire, tu pleurerais. Je sais que je ne peux pas me passer de penser à toi, et je sais que, le soir, malgré toi, tu rêves à moi, à nous. Je sais que tu ne peux pas m’enlever de ta peau, je sais que tu me hais, et que tu veux te venger, mais que tu ne supportes pas l’idée de me faire du mal. Je sais qui tu es, je sais tes désirs et tes rêves, je sais tes petites habitudes, je sais les petits détails que tu apprécies, je sais ce que tu manges, je sais ce que tu bois. Je sais aussi que si jamais, par miracle ou enchantement, tu savais tout ce que je vais écrire ici, tu n’aurais qu’une seule idée, celle de renaître. Mais le temps a fait son travail, et maintenant nous ne sommes que de simples machines. A quoi bon de se souvenir de ce qui ne reviendra jamais ? Quand on est jeune, cela nourrit l’espoir, mais à nos âges, qu’a-t-elle de bien, cette nostalgie ? Eh bien, je vais te le dire, elle accélère nos battements cardiaques, notre respiration, et nous fait vivre, alors que cela fait des années que l’on est des machines. Je ne pourrai jamais me passer de ces souvenirs. J’avais tellement peur de devenir ce que je ne comprenais pas. Et voilà pourquoi maintenant je comprends trop ce que je suis. Mais cela n’a aucun intérêt, si ce n’est peut-être ...
    ... celui de te prouver que j’ai réussi malgré tout à accomplir quelque chose, et te rendre fier, t’attendrir. Toi aussi tu sais ce qu’est la solitude, toi aussi tu sais qu’elle peut tuer, tu en es peut-être mort, qui sait. Ce soir-là, comme tant d’autres soirs, tu me manquais, et je t’attendais tout en sachant que tu ne viendrais pas. Mais je ne te savais pas présent, je ne te savais pas dans mon cœur, malgré l’envie pressante de te sentir près de moi. Maintenant je sais que, ce soir-là, la passion m’étouffait. Je ne voulais plus la ressentir, et je n’avais aucune intention de dire quoi que ce soit. J’avais peur de m’en rendre compte. La distance nous a joué un mauvais tour, la distance nous a trompés. Je ne me faisais aucun souci, puisque tout, comme par magie, s’arrangeait, et j’avais confiance en toi, en nous. J’aurai du être plus vigilante, mais à dix-huit ans on a envie d’être insouciant. Je ne regrette pas, même maintenant, le mal que je t’ai fait, dans mon cœur. Je sens que c’était un bien malgré toute la douleur. Et donc, ce soir-là, tout a basculé. Mon cœur a éclaté en mille morceaux et cela sans que je m’en aperçoive. La vie m’a joué un mauvais tour. J’ai dû cesser de t’aimer à contre cœur, et pour plus invraisemblable que cela puisse être, je ne m’en suis pas aperçue. Maintenant, quand tout paraît si lointain, je réalise que, jusqu’à présent, je ne m’en suis pas aperçue, ce texte en est la preuve. Tragiquement, par peur de cesser de t’appartenir, je suis allée vers mon ...
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