1. Lettre d'amour tardive


    Datte: 01/04/2019, Catégories: fh, inconnu, amour, humilié(e), cérébral, pénétratio, lettre,

    ... destin, et je t’ai perdu. Comme Œdipe qui, par la volonté même d’échapper au malheur, court vers lui. La vie est peuplée de petites tragédies comme celle-ci, mais pour moi cela représente bien plus. Ce soir-là a déterminé le reste de ma vie. Et pour fuir la douleur de ne pas pouvoir te serrer dans mes bras, j’ai serré quelqu’un d’autre, et sans y penser, je lui ai tout donné. Cet homme ne me connaissait pas, cet homme ne voulait pas me connaître, cet homme ne voulait pas s’infiltrer, cet homme ne voulait pas que je m’infiltre ; cet homme, comme moi, voulait tout simplement, ce soir de décembre, vivre un peu. Je croquais la vie, je tombais en toute vitesse et je profitais du vent froid qui me gelait le visage comme si ma vie en dépendait. Ta présence ne m’a jamais quittée ce soir-là, ta présence me rappelait qui j’étais, d’où je venais, ta présence me rappelait mon prénom, ta présence me rappelait mes désirs, mes peurs, mes goûts, mes fantaisies. Il a fallu pourtant tout reconstruire en un seul souffle. Je pense à une des mille chansons que, jeune, j’écoutais pour me dire que j’étais en amour. Il fallait que je me le dise sans cesse, pour que je puisse bien savourer le plaisir inavouable d’aimer, et d’aimer en apparence plus que ce que l’on m’aimait. Lorsque je ressentais, comme toute petite fille, le besoin de me sentir aimée, je relisais tes lettres, mais j’arrêtais presque aussitôt, parce que j’avais l’impression de vouloir m’emparer de quelque chose qui n’était plus et qui ...
    ... n’avait été qu’une seule seconde. Jamais je n’aurais pensé que l’on puisse vivre une histoire d’amour sans le savoir. Jamais je n’aurais cru que l’on puisse aimer un homme sans être au courant d’avoir cessé d’en aimer un autre. Mais c’est cependant ce qui se passait, dans ce cœur qui n’a jamais changé et que je veux, à travers mes mots, te faire connaître. L’écriture de ces quelques phrases est sans doute l’acte le plus égoïste que j’aie jamais accompli. Mais jamais je n’ai connu un besoin aussi pressant, même lorsque mon cœur était en proie aux passions les plus incontrôlables, les plus folles. Avec ces mots, je suis consciente de te blesser comme je n’ai pas su te blesser avec mes actes. J’entends parfois dans mes rêves le son de ta voix, tes pleurs, tes cris, et cela me tourmente. Ta présence me tourmente aujourd’hui, autant que ton absence me tourmentait jadis. Ton malheur et ta déchéance ont été le prix pour mon bonheur et ma splendeur, et je n’ai pas le choix, je dois opter pour la justification du lâche, je ne pouvais pas faire autrement, parce que cela est vrai, et ce n’est pas une question de lâcheté, j’ai eu le courage d’oser être heureuse et j’en suis fière, bien que mon bonheur ait représenté ton malheur et le caractère vide de ta vie. Je sais ce que tu es devenu, tu n’es rien, je t’ai réduit au stade de végétal, tu n’as pas été capable d’oser renaître, le lâche, c’est toi. Tu t’es laissé aller aux forces, ce destin t’était certainement réservé, je ne pouvais pas ...
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