Ephémères
Datte: 03/04/2019,
Catégories:
jeunes,
amour,
volupté,
nonéro,
nostalgie,
25 Janvier 2006. Nous sommes en plein cœur de l’hiver. La température ambiante mais plus encore la mine des gens nous le signale. Triste, fatiguée, grise, sans vie…On pourrait citer tous les adjectifs du genre. À croire que tout le malheur du monde est tombé sur leurs têtes. Vivement le printemps, vivement l’été ! Colin n’était pas le dernier à arborer cet aspect mélancolique. Il déambulait sur le campus universitaire de Grenoble, la tête basse, pas vraiment enchanté à l’idée de débuter une nouvelle journée de labeur en même temps qu’une nouvelle semaine. En outre, ses examens passés la semaine dernière s’étaient mal déroulés. Il ne se faisait plus aucune illusion quant à l’issue de son année. Colin se sentait seul au sein de ce grand espace qu’était l’université. C’est vrai qu’aujourd’hui il était vide, dieu sait pourquoi d’ailleurs, mais ce qui était surprenant et qu’il était en train d’apprendre à ses dépens, c’est que même dans les endroits les plus peuplés, on peut s’y sentir terriblement à l’étroit. Au programme de ce matin un cours de Littérature comparée, une heure de « trou » et enfin, pour clore la matinée, une de Grammaire Française. La matinée se passa lentement. Comme un fait exprès, Colin avait été à la limite de s’évanouir de lassitude sur son pupitre. Il faisait exprès de se mettre au fond de l’amphithéâtre pour ne pas être dérangé. Volontairement, il se coupait du monde, donc, et se plaignait d’en être exclu. Où est la logique ? Au début du dernier cours ...
... de la matinée, celui de grammaire, il avait eu la surprise de voir une jeune fille blonde s’asseoir juste à côté de lui. La rangée était grande, la salle était à moitié remplie, pourquoi avait-elle fait ça ? Il ne la connaissait pas. Il priait pour qu’elle n’engageât pas la conversation avec lui. Il entendait bien suivre son cours avec attention. Il était là pour ça. — Tu aurais une feuille, s’il te plaît, avec un crayon ? J’ai oublié toutes mes affaires. Ça commençait bien. Colin la regarda avec étonnement. Comment pouvait-on, à ce point, être négligé ? Effectivement, elle ne pouvait pas travailler ainsi. Il lui tendit une feuille ainsi que le stylo avec lequel il était en train de noter le cours. — Merci et désolée. Je te la rendrai.— Je suis pas à une feuille près, quand même. Rends-moi juste le stylo quand tu auras fini et ce sera très bien. Elle rit et se présenta. — Je m’appelle Aurélie et toi ? chuchota-t-elle.— Colin, répondit-il en cherchant un autre stylo dans sa trousse.— Comme le poisson ? Bon, allez, on va faire au moins semblant de noter ce que raconte ce prof. « Très bonne idée », se dit Colin mentalement. « Fiche-moi la paix. » Elle se décala légèrement et, en fin de compte, n’écouta pas les explications que délivrait l’enseignant. Elle appuyait frénétiquement sur les touches de son portable. Colin l’observait du coin de l’œil et pensa : « Bien sûr, après elle voudra que je lui file mon cours. Elle pourra toujours rêver ». La fin de l’heure et de la matinée ...