Ephémères
Datte: 03/04/2019,
Catégories:
jeunes,
amour,
volupté,
nonéro,
nostalgie,
... convoi s’ébranler, il quitta à grands pas le quai, les yeux dans le vague, un léger sourire flottant sur son visage. Cette fois-ci, pour la première fois de son existence, il pouvait dire comme tout le monde : je suis Amoureux. Le week-end passa lentement. Trop à son goût. Il découvrit, comme tant de couples, les affres de la séparation. Bien sûr, celle-ci n’était que temporaire, mais ces deux jours lui parurent durer une éternité. Finalement, ils ne se virent que mardi. Tout en déjeunant, ils évoquèrent la manifestation anti-CPE qui se déroulerait en début d’après-midi dans le centre-ville. — Tu comptes y aller ? lui demanda Colin.— Je n’avais pas prévu. En fait, j’allais te demander ce que tu allais faire. Si tu y vas, j’y vais.— Je pensais exactement pareil ! Je n’ai pas très envie d’aller en cours et puis… ça nous permettrait de passer l’après-midi ensemble.— C’est ce que j’allais te dire, oui. Le cortège partira de la gare à 14h. Ce serait bien qu’on parte maintenant.— Ok, on bouge. C’était la première fois que Colin participait à une manifestation. Il y avait du monde mais les slogans étaient toujours les mêmes depuis 30 ans. En voyant des enfants à qui on n’aurait pas donné plus de douze ans, il souffla à Aurélie : — Ceux-là, ils ne doivent même pas savoir pourquoi ils sont là…— Beaucoup ne savent pas ce qu’est le CPE. Tu viens, on remonte un peu ? Elle lui prit la main et le guida vers la tête du défilé. Ce geste l’émut autant que le baiser… La main dans la sienne, ...
... il se sentit pousser des ailes, nanti d’une confiance énorme. Celle-là même qui lui faisait tant défaut, jusqu’à présent. Trois heures plus tard, ils étaient de retour sur le campus. Ils s’avachirent sur le premier banc qu’ils trouvèrent. — Merci doux Jésus… Je ne peux plus faire un pas. Je suis morte, se plaignit-elle.— C’est plutôt le bruit, le plus gênant, tu ne crois pas ?— Une manif dans le silence, tu sais, je n’en ai jamais vue ! Colin tira de son sac, le « Ratures » daté du mois de février. Il venait juste de sortir. C’était un recueil de poèmes mensuel que publiaient des étudiants en Lettres. — Ils ont du talent, ceux-là. Tu connais « Ratures » ? lui demanda Colin en brandissant les feuillets.— Oui ! Je me demande comment ils font. Mais généralement, je ne comprends rien à ce qu’ils écrivent. C’est très métaphorique. C’est quoi le thème de ce mois-ci ?— L’érotisme. Regarde la une : « Allez-y doucement, c’est encore meilleur » énonça-t-il. Aurélie posa sa tête sur son épaule et lui caressa les cheveux. — Fais-moi la lecture…— Hmmm, attends voir… Un écrit de V.D alias Vincent Delhomme. Alors, je commence : Qui, dame, dénonce un furieux Désir dopant d’impression cutanée ? Da-Da – Oui – l’affirmation D’ubiquité tactile s’aventure Et brosse la bulle imminente, Rebrousse un poil impie… [En chambre avoir con d’homme caoutchouc Rutilant d’aise en brique alu] Mièvre apatride adolescente Au ciboulot torché de bible… Car trop Calliope… attraction… Je calle et pige, « dieu quel ...