Intermezzo - Première partie
Datte: 05/04/2019,
Catégories:
fh,
vacances,
mélo,
nostalgie,
regrets,
Note de l’auteur : Ce texte est réservé à un public averti. Il ne contient aucune scène érotique. Il raconte l’histoire, intellectualisée, de la rencontre de deux êtres que rien ne prédisposait à se revoir. Intermezzo est la suite dePrélude, la première partie de ce récit. - Mémento - Après un court débat orchestré en rythme de la cuisine à la salle de bain, nous avons décidé d’aller nous promener en montagne. Pour cela, il faut prendre le bus jusqu’au sud de la ville, là où se trouve le téléphérique. Tout en remplissant le sac à dos d’une bouteille d’eau, d’un pull supplémentaire, de ma caméra et de mes appareils photo, je te jette quelques regards à la dérobée. Tu m’attends, les yeux vissés au magazine économico-politique que tu tiens d’un air désinvolte. Je donnerais cher pour pouvoir lire dans tes pensées ; penses-tu effectivement à ce que tu es en train de parcourir des yeux, ou à notre étreinte du matin ? Songes-tu aux hypothétiques engagements que nous avons pris l’un envers l’autre ? Peut-être que tu ne penses à rien. Est-ce que c’est possible, ça, de ne penser à rien ? Nous avons toujours des images plein la tête, je vois mal comment on pourrait ne penser à rien, même l’espace d’une seconde et demie. Je t’observe toujours, de plus en plus déçue. J’en ai la certitude ; tu ne penses absolument pas à moi. Comment cela pourrait-il bien t’effleurer l’esprit, l’état de confusion dans lequel je me trouve ? Tu vis, tu parles, tu ris, tu es là ; la chose serait pareille si je ...
... me trouvais à des centaines de kilomètres de toi. Je suis une donnée inessentielle et aléatoire de ta vie, un superflu, un élément étranger et inhabituel, qui perdra tout son attrait une fois hors de ta vue. Je me tourne vers la baie vitrée, histoire que tu ne remarques pas mon trouble. Je contemple la vue que nous avons de ton balcon, j’essaie de vider mon esprit ; mais soudain, une pensée désagréable me traverse à nouveau : quelle importance que je me détourne de toi ? Tu n’as même pas levé la tête de ton magazine. – Tu es prête ? demandes-tu soudain dans mon dos. Je hausse les épaules, d’un geste désinvolte. Je sens que cette journée va être bizarre. Je me fais l’effet d’être une coureuse de marathon, qui fonce à travers le temps et l’espace pour tenter de toucher des doigts ce passé qui s’obstine à se dérober à elle ; courant, fonçant en vain, de plus en plus vite, de plus en plus vainement, sentant le désespoir croître en elle à mesure qu’elle réalise qu’elle ne pourra jamais plus rattraper son histoire, jamais plus la vivre à nouveau, jamais plus la changer. Pourquoi t’ai-je tant aimé ? Pourquoi toi ? Comment peut-on accorder tellement d’importance à une personne, et ne jamais compter à ses yeux comme une femme à part entière, commequelqu’un d’important ? Je voudrais pouvoir te secouer en tous sens, jusqu’à ce que tu t’écries, les larmes aux yeux : « Oh, Eva, comme j’ai été idiot ! Comme j’ai eu tort de ne pas t’aimer ! Comme tu comptes à mes yeux, à présent ! ». Et en ...