1. Intermezzo - Première partie


    Datte: 05/04/2019, Catégories: fh, vacances, mélo, nostalgie, regrets,

    ... même temps, je retiens un gentil sourire d’autodérision. Et qu’en ferais-je de cet amour, maintenant ? Je n’éprouve sûrement plus que de la pitié pour toi. Non, non, plus rien n’est à refaire, plus rien n’est à regretter. Quoi qu’il se passe entre nous, actuellement et non plus virtuellement, je ne serai plus jamais la même qu’avant, celle qui croyait bien naïvement s’être fait un ami éternel, il y a trois ans, en le regardant fermer la porte de sa chambre le jour de son départ. Cet amour que je mériterais tant aujourd’hui, c’était lorsque j’avais dix-huit ans que tu aurais dû me l’offrir. Pour que j’y croie encore. Pour que cela ne soit pas devenu quelque chose d’incompréhensible et de douloureux. On dit que le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît pas. Bien puérilement, je croyais pourtant que l’amour obéissait à certaines règles, certaines raisons. Mais il n’y a pas de raisons. Il n’y a pas de buts. L’amour vient et repart, trouble l’esprit et le corps, puis déserte sa proie. La perpétuation de la vie, la descendance, c’est le sexe qui s’en charge, c’est ça son rôle. Alors, l’amour, à quoi ça sert ? L’amour existe-t-il, seulement ? Aujourd’hui, je ne te souhaite rien d’autre que de partager ce regret-là, celui de ne pas m’avoir aimée quand il en était encore temps. Par ailleurs, la seule et unique chose que nous pourrions partager tous les deux, hormis notre corps. – On y va ? insistes-tu. Je te fais un léger sourire, et saisis mon sac. Il fait assez chaud ...
    ... aujourd’hui, malgré l’altitude, je défais même mon écharpe. La journée semble interminable. Ce que je craignais se poursuit inlassablement ; te voilà redevenu l’étranger au regard tout juste affectueux, et à la politesse si correcte que pas un pli n’en dépasse. Je déteste cette attitude, et je me réfugie dans le silence, à la limite de la bouderie. Tu ne sembles pas le remarquer. Ou alors, tu t’en moques. Fort possible également. En silence, assis sur un banc, nous contemplons Genève de notre sommet ; lequel surplombe l’horizon et les pics voilés de brume. Nous discutons un peu. Tu ne me touches pas, tu ne m’embrasses pas, tu souris à peine, et tes pensées sont visiblement ailleurs. Je me sens nauséeuse. Pour être honnête, je ne pense pas à toi, moi aussi. Je médite sur mes erreurs. À chaque fois que je me retrouve en haut de quelque chose, que j’ai l’occasion d’observer le monde par la lunette de ma supériorité, je me sens, paradoxalement, toute petite, tout insignifiante, face à la grandeur de la nature. Face à sa majesté, à sa sublime harmonie. Je pense à mon avenir, à ce que je vais faire une fois rentrée en France. Quelque chose pointe le bout de son nez dans ma vie, commence à me tendre la main ; et j’ignore comment comprendre ces signes que l’on pose sur ma route. J’ai écouté ceux qui m’ont menée jusqu’ici, jusqu’à toi, et me voilà prise au piège de mes sens et du trou noir qui me sert de cœur. Qu’aurais-je fait, si tu n’avais pas été lâché par ta chère fiancée, quelques ...
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