Intermezzo - Première partie
Datte: 05/04/2019,
Catégories:
fh,
vacances,
mélo,
nostalgie,
regrets,
... semaines avant mon arrivée ? Aurais-je été capable de garder la tête froide, de ne pas accomplir ma vengeance, afin de me débarrasser de cette rancœur qui noircit mon âme ? Le problème est insoluble : bien sûr, je n’éprouverais pas cette pitié pour toi, si tout allait bien dans ta vie sentimentale. Mais d’un autre côté, si tu étais encore avec elle, je ne serais peut-être (probablement) pas ici pour y réfléchir. M’aurais-tu seulement invitée à venir ? – Tu ne m’écoutes pas. J’ai un léger sursaut, à ma propre honte, et tourne mes yeux vers toi. – Excuse-moi. Tu me parlais ? – Je n’ai pas pour habitude de parler tout seul, réponds-tu avec un sourire un peu crispé. – Je t’écoute. Mais malgré mes efforts, je n’arrive pas à m’intéresser à ce que tu dis. Au bout d’un moment, je déconnecte. Comment les déchiffrer, ces signes incompréhensibles ? La vie est tellement compliquée avec toi. Pourquoi suis-je venue ? Avant de redescendre, nous marchons un peu à travers un sentier. Et tu me prends soudain au dépourvu, en me demandant si j’ai déjà fait l’amour à l’air libre. Je baisse les yeux, étonnée. Les gens vont et viennent autour de nous, je suppose donc que tu ne me dis pas ça parce que tu en as envie. Apparemment, c’est vraiment juste de la curiosité de ta part. N’empêche, tu l’auras toujours, ce don. Celui de me déstabiliser. Je réponds par l’affirmative, sans entrer dans les détails. Je sens que tu me regardes avec insistance. Si seulement je pouvais me glisser dans ta tête ! ...
... Enfin une preuve que, d’une certaine manière, tu penses quand même à moi et à ce que nous avons fait ; mais finalement, ça ne me plaît pas. Alors c’est ça, je suis cataloguée en objet sexuel. Voici donc comment tu me vois : celle qui pourra te procurer du plaisir physique. Piètre réconfort que voilà. Tu penses effectivement à moi, mais en des termes qui me blessent profondément. C’est avec amertume que je me dis que je l’ai bien cherché, en me donnant à toi sans parler ni d’amour, ni de sentiments. Je suis responsable de l’image que je donne de moi. Pourquoi m’offenser d’une chose qui provient de moi et de moi seule ? Je n’ai jamais été habile à ce genre de choses. J’ai toujours excellé dans l’art de montrer de soi tous ses défauts et aucune de ses qualités. Les gens n’arrivent pas à me cerner, et c’est bien par ma faute. Et si tu t’es trompé sur moi et sur mes intentions, c’est parce qu’encore une fois, je n’ai pas su être claire ; et comme tous les autres, tu t’es laissé prendre au piège de cette mauvaise image que je donne, bien malgré moi… Troublée par le cours que prennent mes pensées, je décide de changer de sujet de conversation. Avec indulgence, tu me regardes tandis que je m’amuse à sauter à pieds joints dans les dernières plaques de neige, qui s’accrochent encore au tapis herbu et boueux. Nous discutons un moment. J’essaie de ne plus penser, et ça me fait du bien de t’écouter seulement. En retournant vers le téléphérique, je ne sais pas comment nous en arrivons à parler ...