Scripta manent. Un Gremlin dans les glandes - Histoires de Sexe

Scripta manent. Un Gremlin dans les glandes

... pas un signe de vie. Je décide de faire les premiers pas et lui propose sur sa messagerie de vider notre contentieux devant un verre. Il répond à mon courriel. Par chance, il est de passage dans le coin prochainement. On se donne rendez-vous dans une librairie du centre-ville, au rayon des bouquins érotiques. J’ai cru rêver en le découvrant. Je m’attendais à quelqu’un de particulier, de flamboyant. Rien de tout cela. Un mec tout ce qu’il y a de plus banal, même âge que moi, apparence semblable, aussi moyen que moi en tout ! Je prononce discrètement le nom du site où nous nous retrouvons en passant à côté de lui. — Vous avez voulu me rencontrer ? Que puis-je pour vous ?— Probablement rien ! Allons au bistrot d’en face, nous serons mieux pour bavarder. Il me suit, commande un chocolat chaud d’une banalité affligeante et attend visiblement que je me lance. — J’ai un truc qui coince par rapport à vos textes. Ça m’occupe l’esprit depuis trop longtemps, il fallait que j’en parle.— Et le fait de me voir ?— J’imaginais pouvoir comprendre… Je ne sais pas… Qui vous êtes, comment vous fonctionnez ?— Et alors, déçu ?— Non, étonné. Vous pourriez être moi, et…— … vice-versa. Mais vous, vous critiquez, alors que moi j’écris. Une différence de taille, non ?— Fâché par mes critiques ?— Pas le moins du monde. J’ai lu ce que vous avez écrit sur mes textes, sur moi, mais je m’en fiche…— Comment faites-vous ? Moi, ça me rendrait dingue qu’on n’apprécie pas ce que j’ai mis des nuits à pondre. ...

... Trois mauvaises notes de critiques, qui font chuter la moyenne générale, et c’est les oubliettes. Sur un tel site, personne ne s’intéresse à un texte moyennement noté.— Aucune importance, je ne regarde que la moyenne des lecteurs.— Mais votre style est très insuffisant, votre écriture est souvent banale et plate. C’est du français linéaire… Vous pourriez l’améliorer…— Tant qu’il véhicule mes idées… Et l’améliorer en fonction de quoi, de qui ? J’essaie juste de maîtriser l’orthographe, pour ne pas surcharger les correctrices.— Vos scenarii ? Des histoires peu réalistes, qui partent systématiquement dans les décors, c’est de la provocation ? Ou vous allez me dire qu’elles sont autobiographiques ?— Enfin la vraie question ! C’est donc ça qui vous tenaillait…— … Je ne veux pas paraître indiscret ! Mais avouez que cela a de quoi interpeller, au niveau du vécu !— Toutes mes histoires sont autobiographiques, Gordon. À vous de découvrir jusqu’à quelle ligne…— Vous prétendez donc avoir baisé toutes ces femmes, maté tous ces couples, éjaculé autant de litres de foutre ! Une vie n’y suffirait pas, personne ne se comporte comme vous le prétendez !— Vous voulez dire, en fait, qu’avec mon apparence, personne ne doit se retourner sur mon passage… Dès lors, où trouver les idées pour animer mes personnages ? Détrompez-vous. Il suffit juste de ne pas avoir peur de perdre le contrôle. Fantasme ou réalité, à vous de savoir ce qui vous convient le mieux. Il s’est levé, m’a serré la main et m’a laissé ...