1. Avant hier


    Datte: 17/04/2019, Catégories: nonéro,

    Dans le premier chapitre, j’ai commencé un voyage par le présent. Aujourd’hui je commence à regarder loin en arrière. 2 - Hier déjà ! Père acceptable, c’est probable, mais est-on jamais sûr de rien ? Père tout court, au moins au sens biologique du terme, je le suis. Deux fois, le choix du roi. Garçon d’abord, fille ensuite. De cette paternité, double et voulue, je ne suis ni fier ni honteux. Mes enfants sont beaux, intelligents, mais comme tous les enfants vrais (et non ceux qui se déguisent en adulte dès le plus jeune âge), contestataires, rebelles, n’en faisant qu’à leur tête, sachant tout avant de l’avoir appris, ne travaillant que le strict minimum pour ne pas échouer à leurs examens. À peine caricaturale, cette description m’enchante et me désole à la fois. Elle m’enchante car je suis convaincu que ce sont de vrais enfants, et qu’ils vivent avec fougue et passion ce qui m’a peut-être le plus manqué, à savoir une jeunesse de jeunes. Et non une pâle imitation de la vie des adultes, où tout est réglementé, encadré, prédéfini et prédigéré. Ils font leurs expériences et de temps en temps ça leur saute à la figure. Dans ces moments-là, papa S.A.M.U. est là, et tout en bougonnant et râlant « si on m’avait écouté on n’en serait pas là » il transporte à l’hôpital le plus proche, console, réconforte, panse les plaies du corps et de l’âme. Bien évidemment il ne fait que tenir sa place et ne doit en attendre ni merci, ni reconnaissance. À la limite, il peut même être gratifié d’un ...
    ... « si tu ne voulais pas le faire, personne ne t’y obligeait ». Mettons cela sur le compte d’une certaine pudeur qui les empêche d’être eux-mêmes, et de se laisser aller à des démonstrations affectives qui ne sont pas dignes de leurs personnalités bien affirmées. Mais, sacré nom, comprendront-ils un jour que la tendresse et l’amour n’ont rien de déshonorant, et que même un « vieux » peut pleurer, s’émouvoir, se laisser aller à être lui-même, sans pour autant tomber de son piédestal, ni déchoir de son rang si durement gagné et si difficile à conserver. Parfois je me dis qu’ils sont plus vieux que nous leurs parents, mais bien sûr ce n’est pas le cas. Un de leurs problèmes est cette volonté d’être un dur comme on en voit chaque jour à la télé, capable d’affronter les pires situations, quel que soit leur état physique et moral. Ces faux hommes (ou fausses femmes) que leur montrent les étranges lucarnes chères auCanard Enchaîné, sont bien s ûr plus forts que les parents et méritent plus le respect et l’admiration. J’en veux pour preuve l’histoire arrivée à un ami, qui, pour ne pas manquer l’anniversaire de son fils âgé à l’époque de seize ans, est rentré d’une traite de Bordeaux à Paris en plein hiver, et alors que l’autoroute n’était encore qu’un vaste chantier. Neuf heures de conduite avec le minimum d’arrêts avaient eu raison de sa résistance et, arrivé à la maison, il avait eu droit au super coup de barre qui l’avait assis dans le canapé, demandant grâce et quelques minutes de ...
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