L'arrestation
Datte: 22/04/2019,
Catégories:
nonéro,
portrait,
historique,
Résumé de l’épisode précédent :«Waterloo »À Rowan, en Caroline du Nord, un homme affirme avant de mourir qu’il est le maréchal Ney. Réalité ou imposture ? Le maire de la ville confie à Allan Pinkerton, le célèbre détective privé, d’établir la vérité. Pinkerton se penche alors sur les premiers documents relatant la bataille de Waterloo… __________________________ Il sera difficile au lecteur peu au fait des événements qui bouleversèrent la France entre ces années 1789 et 1815 de comprendre l’amitié qui pouvait réunir des hommes comme Michel Ney et Joseph Fouché. Comment en effet ce brillant et magnifique soldat, digne héritier des chevaliers du Moyen-âge, et ce monstre froid de la politique, disciple de Machiavel, pouvaient-ils donc s’estimer à ce point, dans la mesure où ils semblaient si différents ? Sans doute faut-il tenter de scruter leurs origines avec soin… Michel Ney était le fils d’un tonnelier de la Sarre. Joseph Fouché celui d’un marin breton. Aucun des deux n’était destiné par la naissance à occuper une place remarquable dans l’Histoire de France. La Révolution française, en rebattant les cartes, permit à des hommes comme eux d’éclore et de montrer ce dont ils étaient capables. Si tout le monde connaît plus ou moins le prince de la Moskowa, homme de lumière, la personnalité de Joseph Fouché est moins connue. Homme de l’ombre, il est et restera pour toujours l’objet de tous les fantasmes et de toutes les calomnies. Allan Pinkerton savait tout cela ; il avait ...
... coutume de ne pas se fier aux rapports officiels, dont il savait trop bien que le but n’était pas d’établir la vérité, mais d’en créer une qui soit acceptable par les masses et qui puisse servir à les mener convenablement. Fouché donc était officiellement un politicien retors et sans scrupules, dont l’exploit le plus marquant pendant la Révolution avait été de faire massacrer à Lyon, dans les conditions les plus horribles qui soient, 2000 contre-révolutionnaires. C’est oublier l’ordre qu’il avait reçu de la Convention et qui exigeait la mort de 5000 personnes afin de faire un exemple. C’est oublier qu’il avait volontairement refusé d’exécuter les femmes et les enfants, provoquant ainsi la fureur de Robespierre qui n’eut alors de cesse de réclamer la tête du futur duc d’Otrante. C’est enfin oublier comment il avait permis à de nombreux prêtres réfractaires de fuir discrètement, n’oubliant pas ce qu’il devait aux Oratoriens en matière d’éducation. Fouché était donc le créateur d’une police nouvelle, redoutablement efficace, surveillant tout le monde, ayant des dossiers sensibles sur chaque citoyen français, du plus célèbre au plus obscur, gardant pour son compte personnel de nombreuses informations et se hissant grâce à elles aux sommets du pouvoir en tissant sa toile, tel une araignée de cauchemar. C’est oublier le nombre de fois où Napoléon avait dû la vie à ces informations secrètes… Un matin, ce dernier, en fureur, entra dans le bureau de son ministre de la police et l’interpella ...