L'amour - Histoires de Sexe

L'amour

... épaules, pose la bouteille sur la commode, apercevant au passage l’enveloppe jaune qu’il m’a « remise » ce matin. Puis il enfonce ses mains dans ses poches de jean, m’observe un moment, détourne la tête. — Je crois que tu es fâchée, dit-il platement. La fureur me submerge et je commence à marcher de long en large. — Bien sûr que non, répliqué-je pourtant d’une voix très calme. Pourquoi serais-je fâchée ? Il plante soudain ses yeux bleus dans les miens. — Tu ne comprendrais pas si je voulais t’expliquer, dit-il alors, sans paraître avoir cru ce que je lui ai dit.— Je m’en fiche. Si la bouteille est pour moi, tu peux la remporter. Au revoir. Sur ce, je m’affale de nouveau sur mon canapé. J’ai soudain conscience d’être en chemise de nuit à moitié moulante, et cache ma gêne du mieux que je peux. — Elle n’est pas pour toi, elle est pour nous, objecte doucement Adam, se déplaçant pour entrer dans mon champ de vision. Je le regarde avec une indifférence feinte pendant qu’il cherche sans hésitation des verres dans mes placards, les trouve, ouvre la bouteille, verse le liquide pétillant dans les verres. Il se rappelle le plan de ma cuisine avec une exactitude parfaite. Il m’apporte mon verre, s’assit à côté de moi sur le canapé et lève le sien, ses yeux bleus ne quittant pas les miens. Ça fait bizarre de le voir là, assis dans mon canapé. Un peu comme si une soucoupe volante avait atterri dans votre jardin. — Bravo, lance-t-il sans sourire. Je suis fier de toi. Je le regarde sans ...

... bouger d’un poil, puis trinque enfin avec lui, de mauvaise grâce. — À ton succès, ajoute-t-il d’un air étrangement désabusé. Je regarde mon verre, dubitative, ne trouvant rien à répondre. — C’est quoi ?— Du champagne, ma chère, déclare-t-il d’un air un peu amusé.— J’aime pas. Mais je bois mon verre d’un coup, d’une manière un peu provocante, et le pose par terre, toisant Adam d’un regard impassible. — Tu as lu « Montagne de Jade » évidemment. Je le sens se crisper. Il me scrute quelques secondes, toujours immobile. — Je ne m’excuserai pas, tranche-t-il, devinant où je veux en venir. Une brusque colère mêlée d’amertume fulmine en moi et les larmes emplissent mes yeux. Vraiment, j’ai la larme facile. Quelle honte. — Non, bien sûr, ce serait folie d’imaginer cela de vous, murmuré-je d’une voix rauque, vibrant de fureur rentrée, ainsi que de tristesse. Pourquoi ai-je cru en lui ? Ce n’est qu’un homme, après tout, rien qu’un homme. Oh, pourquoi ai-je cru en lui ! Aveuglée par la douleur, je veux me lever mais rapidement, Adam me saisit le bras. Je lui jette un regard rancunier. — Elyne, il faudrait que tu comprennes qu’entre nous…— Il ne s’est rien passé, je sais ! m’écrié-je en terminant sa phrase, les larmes coulant enfin sur mon visage. Je veux me dégager mais Adam m’attire contre lui, ses yeux ardents de colère. — Non ! s’écrie-t-il. Tu n’as rien compris ! ajoute-t-il durement.— Je ne veux plus comprendre ! rétorqué-je brutalement, me débattant, perdant le contrôle de mes nerfs. ...