Une petite amourette
Datte: 06/05/2019,
Catégories:
fh,
fplusag,
boitenuit,
danser,
Collègues / Travail
amour,
cérébral,
revede,
nonéro,
amourcach,
regrets,
... la joie m’enivre. Arnaud rapplique, vif, fougueux, enthousiaste comme à son habitude. — Bonjour madame Trochon. Comment ça va-t-il aujourd’hui ? tonne-t-il à l’intention de ma mère, en déboulant dans le salon. J’entends tout, je retiens mon souffle, je devine qu’il pose ses clés, ses affaires, ôte son blouson, avant de me rejoindre dans la chambre. — Hello Carole. C’est la forme ? minaude-t-il de manière familière avec un large sourire avant de me faire la bise. Nos relations sont désormais cordiales. Je me prête docilement à la procédure, m’émeus de la pression de sa main sur mon épaule, goûte le contact de sa joue contre la mienne. Des attouchements brefs, innocents qui sont pour moi autant de perles de bonheur, dont la chaleur ravive ma flamme. Je rêve de le retenir, n’ose pas, il s’éloigne, se dirige vers le lit médicalisé. — Bonjour monsieur Trochon. Vous avez bien dormi ? C’est l’heure ! gueule-t-il d’une voix professionnelle, tonitruante, en se penchant près de l’oreille de mon père, lequel dort encore profondément. Nous parlons volontiers de choses et d’autres tandis que nous prodiguons les soins. J’apprends qu’Arnaud est amateur du ballon rond. — Ah bon ! Vraiment ! Vous jouez au foot ? Mon… Euh… mon mari aussi, répliqué-je, en hésitant à lâcher l’information. Inexplicablement, sans que je le sente moindrement venir, je ne veux pas et ne peux pas parler de mon époux avec Arnaud. Je dois vaincre mes réticences pour terminer ma tirade. — Je le connais, c’est un pro. Il ...
... entraîne les juniors, je le vois souvent, rétorque-t-il sans prêter attention à mes hésitations. Mon embarras croît davantage. Il me déplait d’apprendre qu’il rencontre mon conjoint. — Vous avez une petite amie ? m’enquiers-je précipitamment, autant pour changer de sujet que parce que la question me brûle les lèvres.— Ouh ! La curieuse ! chantonne-t-il de manière puérile, sur le ton de la plaisanterie, sans répondre sur le fond et en me jetant un drôle de regard comme s’il m’avait devinée, et trouvait mon inquisition abusive autant qu’intempestive. Le sang afflue, enflamme mes joues, je baisse la tête pour cacher mon trouble. Tout bien considéré, le doute me convient très bien, il me déplairait d’essuyer une nouvelle rebuffade ou pire, d’apprendre qu’il vit avec une femme. L’amour que je ressens pour Arnaud est totalement insensé et assurément unilatéral. Je n’ai pas d’illusion, mon sentiment n’est pas payé de retour, ne peut pas l’être. D’ailleurs, je ne le cherche pas et ne le veux pas, car cet amour doit rester platonique. C’est mon secret, mon plaisir et mon calvaire tout à la fois. Je me laisserais écorcher vive plutôt que de l’avouer, plutôt que de mettre en péril l’avenir de mon ménage, de ma famille, de mes filles. L’amour adultérin n’est pas pour moi, ma résolution se veut inébranlable au nom de la loyauté, laquelle toutefois n’exclut pas une certaine mauvaise foi parce que le pragmatisme, plus que la morale, dicte ma décision. Non pas que je manque de moralité mais ...