1. Les six petits cochons


    Datte: 08/05/2019, Catégories: bizarre, telnet, nonéro, policier,

    ... enfermé dans… dans une sorte de cage ! Je poursuis ma progression lancinante et parviens à m’adosser contre les barreaux. Des doigts palpent ma nuque puis s’attaquent à ma cagoule. En quelques secondes, cette bonne âme m’a débarrassé de mon attirail sado-maso. — Merci. Merci à vous ! fait-je, enchaînant des remerciements aussi vibrants que me le permettent mes lèvres boursouflées.— Parle moins fort, bordel ! Tu veux qu’on nous entende ? Au-dessus de nos têtes fusent des rires, accompagnés de raclement de chaises qu’on malmène. Mes agresseurs ne sont pas bien loin, et je n’ai aucune envie de précipiter leur retour ! Une lueur sépulcrale filtre par d’étroites meurtrières, baignant les lieux dans un clair-obscur inquiétant. Le peu que j’en distingue suffit à me faire dresser les cheveux sur la tête. Je me trouve dans une cave moyenâgeuse, abritant des geôles peuplées d’ombres fantomatiques. Les murs de pierre ont l’air épais et robustes, tout comme les lourdes grilles qui divisent la pièce en deux rangées de cellules individuelles. Rien à tenter de ce côté-là. Je scrute les silhouettes mouvantes des autres prisonniers. Depuis combien de temps croupissent-ils ici ? — Si tu te tournes un peu, je pourrai essayer de trancher tes liens, suggère mon voisin de cachot, me tirant de ma contemplation morbide.— Vous… vous avez un couteau ?— Toi, t’es un sacré comique ! souffle-t-il, irrité. Un éclat de verre trouvé dans un coin, ça te va ? J’obtempère en silence, me tournant tant bien ...
    ... que mal. À sa manière, ce gars est aussi stressé que moi. Inutile de le mettre en rogne. Il s’active dans mon dos, tailladant autant mes poignets que les lanières incrustées dans ma chair. Un liquide chaud et gluant ne tarde pas à goutter sur mes mains. Je m’apprête à lui demander d’arrêter les frais quand mes liens finissent par céder. Enfin libre de mes mouvements ! Du coup, la tension dans mon épaule blessée parait nettement plus supportable. — C’est dingue ce que ça fait du bien, dis-je à mi-voix, crispant et décrispant mes poings engourdis. Il hoche la tête, sans un mot. Ce gars est sinistre… Mille interrogations me brûlent les lèvres, mais je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’une jeune femme, affalée dans la cage face à la mienne, m’interpelle tout à trac. — Hé, vous ! J’ai quelque chose d’important à vous demander.— Heu… quoi ?— Est-ce que vous écrivez sur le net ? Je reste sans voix, sidéré par cette question hors de propos. C’est carrément surréaliste ! Soit j’ai mal compris, soit cette pauvre fille a déjà perdu la boule… — Je vous demande si vous écrivez, insiste-t-elle avec une impatience grandissante. Des histoires, des nouvelles, des articles… Bref, des textes. Diffusés sur Internet.— Mais qu’est-ce que ça peut vous foutre, si j’écris ! On est peut-être sur le point d’y passer, et c’est tout ce qui vous préoccupe ?— C’est bon, mon vieux. Calme-toi ! fait le type à côté. On est tous dans la même galère.— Répondez à ma question ! s’énerve la fille. Je vous en ...
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