1. Les six petits cochons


    Datte: 08/05/2019, Catégories: bizarre, telnet, nonéro, policier,

    ... prie, c’est vraiment important… Son ton, qui soudain vire à la supplique, me file des sueurs froides. Si ma réponse revêt un tel poids aux yeux de cette nana, c’est qu’il doit s’agit d’un élément primordial pour expliquer tout ce merdier. — Laissez-moi deviner. Tous autant que vous êtes, vous scribouillez à vos heures perdues, c’est ça ?— On ne peut rien te cacher, fait l’autre, avec un ricanement désagréable.— Jusqu’à présent, c’est le seul point commun qu’on se soit découvert, confirme la fille. Elle se lève et empoigne les barreaux de sa cage. L’astre lunaire fait jouer des reflets laiteux sur son corps élancé, à la pâleur extrême. Sur sa peau hérissée de chair de poule, je note par endroits des zones plus sombres. Des plaques de boue ? Des hématomes ?Non, on dirait des motifs bizarres, comme des dessins… Putain ! Des tatouages sataniques ! — Eh bien allez-y, ne vous gênez pas surtout !— Hein ?— Pour quelqu’un d’aussi préoccupé par son devenir, vous n’avez pas les yeux dans votre poche ! fait la fille, d’un air narquois. Tout à coup, je me rends compte de l’insistance de mon regard sur son corps dénudé. Je me sens rougir jusqu’à la racine des cheveux. — T’en fais pas, Nausea adore qu’on la zieute, me confie l’autre avec un sourire acide.— Tu n’es qu’un porc, Lucius. Quand ils te couperont les couilles, je ne verserai pas une larme !— Lucius ? Ça me dit quelque chose, ça… C’est pas vous qui avez écrit « La vengeance du rat » ?— Soi-même ! Je vois que monsieur est ...
    ... connaisseur, se rengorge le type. Je me souviens très bien de ce texte, au style furieusement gore, qui traitait avec une minutie sadique du calvaire des prisonniers d’un centre de torture, durant la guerre d’Algérie. D’après ce que j’en sais, tout l’œuvre de l’auteur participe de la même inspiration sanguinaire. En tant que lecteur, cette nouvelle diablement efficace m’avait procuré un plaisir certain, je ne peux le nier. C’est peut-être même ce qui m’avait encouragé à m’essayer au genre, avec un certain succès. Une association d’idées aussi soudaine que nauséabonde s’enclenche alors, à partir de cette seule considération. — Attendez ! Quelque chose vient de me frapper, qui pourrait peut-être expliquer les motivations de nos agresseurs…— Dites toujours, m’encourage la fille, adossée nonchalamment au mur de sa cellule.— Pour juger si ça tient vraiment la route, j’aurais besoin d’en savoir un peu plus sur ce que vous écrivez.— Comme quoi, par exemple ?— Des précisions sur ce qui pourrait être choquant, voire traumatisant, dans vos textes. En gros, les choses les plus abominables que vous ayez jamais donné à lire à vos lecteurs. Les autres prisonniers me dévisagent dans un silence pesant, comme si je venais de proférer une insanité lubrique. Au bout d’un instant, un rondouillard à la cinquantaine décatie finit par se lancer, confessant sa fascination pour le masochisme sexuel et autres tortures homologues, y compris les plus hasardeuses. Ses récits - des outrages scandaleux en regard de ...
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