1. Tombé du Ciel


    Datte: 10/05/2019, Catégories: fh, jeunes, uniforme, campagne, amour, volupté, historique, ecriv_f,

    ... restés immobiles, haletants, nos corps couverts de sueur. Les minutes ont passé et je me suis réveillée en sursaut. Heureusement, je n’avais dormi que quelques instants. J’ai alors entrepris de le réveiller, ce qui ne fut pas une mince tâche. Je lui ai fait comprendre qu’il ne devait pas rester là, mais il protestait, encore à moitié perdu dans le nuage du sommeil. Je l’ai embrassé, moi aussi j’avais envie qu’il reste, mais c’était impossible. Je l’ai reconduit et l’ai laissé avec un baiser. Je suis restée de longues minutes entre ses bras, debout au milieu de la pièce. Il s’allumait une cigarette alors que je sortais. Cette nuit-là, malgré les événements encore plus intenses que la veille, je n’eus aucun mal à m’endormir, épuisée. Mais le réveil fut brutal. Le bruit des camions allemands dans la cour fit s’arrêter net mon cœur. Paniquée, j’ai ouvert les volets pour me rendre compte, rassurée, qu’ils venaient chercher du vin et quelques provisions. Sachant qu’on aurait sûrement besoin de moi, je suis descendue rapidement, sans trop me préoccuper de mon apparence, qui devait, je l’avoue, largement laisser à désirer. « Elle a l’air fatiguée cette petite, elle est malade ? » L’officier me détaillait avec son perpétuel sourire pincé. « Oh, ne m’en parlez pas monsieur l’officier, je ne sais pas ce qui la tient. » Je me sentais particulièrement belle, moi, pourtant, ce matin là. Je n’avais rien à faire des commentaires de Monsieur le « Boche ». Ils sont repartis aussi vite ...
    ... qu’ils étaient venus. Je cachais mal mon euphorie de savoir qu’ils venaient grâce à moi de laisser filer un fugitif. La journée fut très longue, riche en fabulations de grand-mère. Le soir venu, Blanchon est arrivé au rendez-vous à l’heure prévue, accompagné d’un homme d’allure volontairement mystérieuse, grand et maigre qui ne disait mot. De minuscules lunettes sur son nez n’aidaient pas sa cause, il était franchement antipathique. La rencontre se tint devant moi, en anglais. Blanchon était sans doute aussi frustré que je ne l’étais depuis quelques jours, de vivre dans un pays où l’on ne sifflait mot d’anglais. Le tout fut très bref. Avant de partir, ils m’ont expliqué qu’ils reviendraient le prendre quelques jours plus tard. Ces journées, ou plutôt ces nuits, ont été formidables. Dès que je le pouvais, je montais le rejoindre. Nous passions les nuits éveillés, parfois à marcher, parfois à rester couchés à s’aimer, dans ma chambre ou la sienne. Presque jamais nous ne parlions. J’ai beaucoup appris grâce à lui, jamais je ne me suis sentie utilisée. Il s’agissait d’un échange où je trouvais largement mon compte, et heureusement aucun événement fâcheux n’en découla quand il fut parti. Son départ s’est déroulé sèchement, trop vite pensais-je. Mais je suis finalement contente que ça se soit fait ainsi. Nous avions fait très attention de ne pas y penser pendant les quelques jours que nous avons eus. Et quand je les ai vus disparaître à travers champs, lui et le grand type, je n’avais ...