1. Mister Hyde - 11


    Datte: 15/05/2019, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    ... bord du lit, il survola du bout des lèvres la toison blonde de son amante et effleura sa joue. Il murmura un « je t’aime » qui resta suspendu dans l’air dans l’attente d’une improbable suite qu’il se promis de prononcer… Un jour ou l’autre. Il se réveilla nauséeux et les pieds gonflés d’avoir dormi avec ses bottes. Quelle idée saugrenue de s’être rhabillé après la douche, se dit-il. Il connaissait pourtant avec exactitude la raison qui l’avait poussé à le faire. Ses vêtements symbolisaient, pour lui, l’épée qui séparait la couche partagée par Guenièvre et Lancelot lors de leur fuite de Caamelot ; l’infranchissable limite qui interdisait à leurs cœurs et leurs corps de s’unir. Les héros de Chrétien de Troyes ne pouvaient se résoudre à trahir Arthur, lui restait fidèle à… un souvenir. C’était idiot, il en était conscient : on ne réveille pas les morts. Cependant, certains jours, comme ce matin, il était hanté par son fantôme. Il en ressentait une joie morbide qu’il exprimait par un sourire béat. Il avait rêvé d’elle, encore. Il ne pouvait en être autrement : elle était la seule capable de l’éveiller aux aurores, amnésique de sa nuit. Il descendit à la cuisine où il s’enferma en compagnie de l’interphone et là, à l’abri des oreilles et des regards indiscrets, il caressa le vide. Il entra dans sa folie en pleine connaissance de cause pourtant, à cet instant, elle était là, elle lui faisait face comme sept ans auparavant. Elle n’avait pas changé. Son sourire continuait de ...
    ... froncer son nez et d’accentuer la fossette qu’une petite cicatrice créait artificiellement sur sa joue gauche. - Tu me manques ! lui dit-il en édulcorant sa pensée. - Tu dois vivre ! lui répondit-elle. Et surtout, tu dois laisser vivre les autres. Il la regarda, surpris de cette charge à laquelle il ne s’attendait pas. Je n’ai jamais empêché les autres de vivre, se dit-il. - Je sais ce que tu penses poursuivit-elle. Mais tu te trompes. Tu mens par omission et cela fait de toi un con ou un salaud. Peut-être même les deux. Le garçon que je connais ne se serait jamais conduit comme ça, il n’est pas lâche. Le fait est que depuis qu’il avait rencontré Frédérique, le petit fantôme avait une fâcheuse tendance à se prendre pour sa conscience. - Tu veux qu’on s’engueule, Petite Pomme ? Elle sourit tristement à l’évocation du surnom. - Non ! Je veux juste que tu redeviennes l’homme que j’aime. Des bruits de pas dans l’escalier le sauvèrent des coups plus rudes qui auraient pu suivre celui-là et firent fuir le fantôme. Il eut juste le temps de se refaire un visage avant l’entrée de Frédérique. Toujours sous l’emprise du sommeil, la jeune femme somnambula jusque dans ses bras et l’embrassa avec passion. - J’ai cru que tu ne viendrais pas dit-elle en frottant sa joue contre son torse comme pour vérifier qu’il était bien réel. *** Une larme perla au coin de son œil. Il venait de se montrer odieux et de faire fuir Frédérique. « Un con un salaud et un lâche, c’est bien ce que je suis. » D’un pas ...