1. Mister Hyde - 11


    Datte: 15/05/2019, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    ... trainant, il se dirigea vers la chambre de Franck qui, lui aussi, pleurait. *** Il passa sa matinée à s’occuper de Franck tandis que Frédérique cuvait sa tristesse à l’étage. Elle s’était recouchée, en proie à une douleur qu’elle ne s’imaginait pas pouvoir ressentir. Il l’avait agonie de paroles si brutales, si terriblement cruelles qu’elle n’arrivait à en saisir ni le sens ni la raison. Elle mit une bonne heure à retrouver son calme et fut soulagée de constater qu’il était sorti avec Franck. Une promenade avec son fils ne pourrait que le pacifier. C’est du moins ce qu’elle espérait. Ensuite, il faudrait qu’ils discutent et, petit à petit, un plan se faisait jour dans son esprit. *** - Jaune ! Frédérique les avait vu arriver, elle s’était aussitôt postée au pied de l’escalier. A son entrée, elle avait prononcé le mot et grimpé en courant les quelques marches. Lui, continua à s’occuper de Franck, comme si de rien n’était. Il le nourrit puis le coucha pour une sieste bien méritée. Il était au pied du mur désormais et n’avait plus aucune raison de reculer la confrontation. Il grimpa lourdement les quelques marches. Si Frédérique l’entendit, elle n’en laissa rien paraître. Assise sur le canapé, elle lui tournait le dos. Très raide, elle lui fit penser à la statue du commandeur. Il avança une jambe puis l’autre, chaque pas lui coutant plus d’effort que le précédent. « Il n’y a que le premier pas qui coûte… Connerie ! pensa-t-il. » Mais il poursuivit son avancée tout en sachant ...
    ... qu’il allait devoir avouer et qu’il y avait très peu de chances qu’il s’en relève intact… Qu’ils s’en relèvent intacts. D’un revers de la main, il balaya les pièces et s’installa en face d’elle, assis sur la table-échiquier. Ils se regardèrent longuement : deux amants sur le point de se séparer malgré l’amour qui les habitent. - Je t’aime ! laissa-t-il tomber comme s’il s’agissait de la plus terrible des fatalités. Un silence, bref mais si lourd que leurs épaules s’affaissèrent puis sa voix, sourde, morne, qui n’arrivait pas à briser le rempart de glace qui venait de se dresser. - Et parce que je t’aime, je nous déteste… Je te déteste ! Cet aveu achevé, il raconta, sans omettre le moindre détail. Il raconta la petite italienne aux cheveux de blé, leur amour, leurs folies, leurs espoirs et leur désespoir ; il raconta son sourire, les intonations de sa voix, le bleu le gris et le mauve de ses yeux et puis il raconta sa mort. Il raconta les jours passés à rechercher une tombe qu’il ne trouva jamais et les quatre années de coma éveillé qu’il vécut, jusqu’à leur rencontre. Il raconta le choc provoqué par leur ressemblance, l’attirance immédiate qu’il ressentit pour elle et l’impression atroce de trahir son Amour. Il raconta la peur qui lui collait au ventre et le dégoût qu’il avait parfois de leur couple, les remords qui le hantaient et le bonheur qu’il avait éprouvé à la voir s’arrondir… Il parla plus de deux heures sans s’arrêter, sans laisser à Frédérique d’autre choix que de ...