1. Mister Hyde - 11


    Datte: 15/05/2019, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    ... blêmir souvent ou de sourire tristement à l’évocation d’un souvenir commun. Ce fut Franck qui mit fin à son monologue, Frédéric se précipita. *** Frédérique resta seule, sonnée pour le compte. Durant tous ces mois, durant ces deux années et plus, elle n’avait été qu’un substitut, l’ersatz d’une morte. Elle se mordit les lèvres. Elle avait toujours voulu savoir ce que lui cachait Frédéric, maintenant qu’elle savait, elle regrettait vraiment que le mystère soit éclairci. Elle ressassait encore les paroles de Frédéric quand il réapparut, Franck douillettement installé dans ses bas. Le salaud ! pensa-t-elle. En fait, il était si charmant, si tendre dans son costume de père de famille qu’elle se mit à douter de sa propre colère. Elle tenta – sans véritable succès, il est vrai – de lui lancer un regard noir tout en tendant les mains vers son fils. Il lui sourit en rendant le petit. Il n’y avait dans son regard aucune trace de honte ou de remord, pas même une once de soulagement. Il avait fait ce qu’il devait et il se sentait libre. Oh, certes il n’avait pas éliminé Lucrezia de sa vie mais il venait, par ses aveux, de modifier sa place. Elle était un secret, il venait de l’associer à son existence ; elle devenait une confidente alors qu’elle n’était, auparavant, qu’un fantôme morbide. Il s’éloigna de Frédérique et s’installa dans le fauteuil en rotin, à deux pas de la cheminée. Tout en donnant l’impression d’être perdu dans ses pensées, Frédéric n’avait en réalité d’yeux que pour ...
    ... la mère et l’enfant. Il ne manque au tableau que le petit Saint Jean-Baptiste pensa-t-il en se remémorant la toile de Botticelli que Lucrezia lui avait fait connaître, au Louvre, en lui affirmant fièrement que le modèle de la vierge n’était autre que sa grand-tante, Simonetta Cattaneo. - Tu as la grâce d’un Botticelli dit-il en se levant. Il s’approcha de Frédérique tandis qu’elle le regardait avec un air éberlué. Il s’accroupit face à elle et poursuivit : - Si tu ne n’avais pas raconté que ta famille n’a jamais quitté sa province et qu’elle a prospéré par des mariages de proximité, on pourrait croire que tu as les mêmes gênes que Simonetta… - Simonetta Vespucci… murmura Frédérique. - Elle-même ! C’est fou comme tu lui ressembles, on dirait sa réincarnation… - Si j’ai bien compris c’est une des raisons pour lesquelles tu m’en veux. Mais je n’y suis strictement pour rien et, à moins de me défigurer, je n’y peux rien non plus. Le ton acerbe avec lequel Frédérique répliqua instaura un silence gêné de la part de Frédéric. - Tu as raison ! finit-il par chuchoter tout en la regardant droit dans les yeux. Tu as raison, répéta-t-il plus fort, et tu dois penser que je suis un sombre connard. Ce en quoi, je ne suis pas certain que tu ais tort… - Le fait que… tu… m’aies choisie pour de mauvaises raisons ne fait pas de toi un connard. Juste un imbécile paumé. Que tu sois tombé amoureux n’arrange pas les choses bien au contraire. Pourtant et, malgré cela, tu as réussi à découvrir qui je ...