1. Natasha & Franck (24)


    Datte: 15/05/2019, Catégories: Transexuels

    ... respiration. Mais avec la musique dans les écouteurs, il était normalement impossible d’entendre un bruit dans la chambre, et encore moins une respiration. Quelque chose déconnait. Fébrile, je continuais ma recherche sur le mur quand soudain la lumière m’éblouit une fraction de seconde, comme celle d’un stroboscope. Du coin de l’œil, un détail me fit frémir : il y avait quelque chose… quelqu’un dans l’autre fauteuil. Je tentai de me raisonner. Une des filles était peut-être venue s’installer dans la chambre, et c’était certainement elle qui avait éteint la lumière. J’essayai de distinguer dans le noir qui était venu pendant que je me reposais. Mais j’avais beau tenter de suivre un raisonnement logique, tout me disait que quelque chose clochait. Je voulus déglutir ma salive mais ma bouche était aussi sèche qu’une dune de sable en plein soleil un jour de canicule. Je scrutais l’obscurité, espérant obtenir une réponse logique. A l’endroit qui pouvait correspondre à des yeux, je distinguais maintenant deux lueurs vertes. Non, pas deux lueurs, mais bien deux yeux. Et eux aussi m’observaient. J’avais déjà le dos collé au mur et ne pouvais donc reculer plus, mais c’était pourtant bien ce que je cherchais à faire. Était-ce une hallucination, ou avais-je plongé dans un rêve ? Un cauchemar, en l’occurrence… Encore un flash. Des éclairs zébraient le ciel et inondaient la chambre de lumière par intermittence. Assise dans l’autre siège, une femme nue aux longs cheveux roux qu’un vent ...
    ... qui leur était propre agitait me regardait. De longs doigts fins retenaient son pied dont seul le talon était posé, en équilibre, sur le rebord du siège. Sa tête reposait sur le genou plié. Mais le plus effrayant était son visage couvert de cicatrices. Des balafres qui n’étaient pas refermées et dont pourtant plus aucune goutte de sang ne coulait. D’autres, moins nombreuses, striaient la peau livide de son corps. Et ses yeux… Ils étaient à la fois emplis de colère et de lassitude. La chevelure rousse m’avait fait penser à une vision d’Alexandra, déformée et réinterprétée par la fatigue, la douleur et l’angoisse. Mais ces yeux, non, ne pouvaient appartenir qu’à une seule personne. Un feu dévorant brûlait dans ce regard. Valérie. Ou plutôt une espèce de spectre de Valérie. Mais même la notion de spectre ne m’apparaissait pas aussi sûre. Inconsciemment, je touchai mon avant-bras comme pour vérifier que je ne rêvais pas, ou plus. Bien sûr que j’étais complètement éveillé ! Pourquoi et comment était-elle là ? Cela faisait bien dix ans que je l’avais quittée, et depuis je n’avais eu que quelques nouvelles, brèves le plus souvent, qui s’étaient espacées de plus en plus. Je restais figé, incapable de la moindre réaction. Sa peau en lambeaux, son expression inquisitrice et cette colère m’effrayaient. J’aurais tant souhaité l’arrivée d’un médecin, une infirmière, d’Alexandra, Kristina ou Sigrid, mais j’avais l’intuition que personne ne pourrait entrer. Je fermai les paupières quelques ...
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