1. Champagne ! (2)


    Datte: 18/05/2019, Catégories: Gay

    — T’es sérieux, là ?! Tu bandes même pas ! Je ne réponds pas, trop absorbé par mes pensées. — Hé, mec ! Je reçois une tape sur l’épaule qui me reconnecte à la réalité. Je suis sur le siège conducteur de ma voiture, le pantalon sur les chevilles. A côté de moi, Cédric, un plan rencontré sur une appli me fixe du regard, visiblement vexé. — Hein, quoi ? — Ca va faire cinq minutes que je te pompe et t’as même pas le début d’une gaule... — Oh. Euh, ouais, désolé. C’était peut-être pas une bonne idée de se voir, en fait. — C’est quoi le souci, je te plais pas ? — Si ! Si, si, tu es beau gosse. C’est juste que j’ai pas trop la tête à ça. Et puis je reprends bientôt le boulot. Ca te dérange si je te ramène sur le parking et qu’on remet ça à une autre fois ? Il se contente de hocher la tête en se renfrognant sur son siège. Je me rhabille et démarre pour sortir du chemin de terre où je me suis garé. Quand j’arrive sur le parking de supermarché sur lequel lui et moi nous étions donné rendez-vous, Cédric sort de la voiture sans un regard en arrière. Je m’en fiche royalement. Les applis dont j’ai l’habitude regorgent d’hommes, ce n’est pas lui qui va y changer quelque chose. Et s’il n’a pas réussi à me donner une érection, c’est qu’il ne devait pas sucer aussi bien qu’il le disait. Je reprends la nationale sans demander mon reste. Il est un peu tôt pour que je retourne au travail mais je n’ai pas envie de retourner chez moi. Je trouverai bien quelque chose à faire pour m’occuper avant ...
    ... que le reste de mes collègues n’arrivent... Comme il fallait s’y attendre, le vestiaire est encore désert quand j’y entre. Je rejoins mon casier, situé tout au fond de la salle, passant inévitablement devant le casier de Johann, resté entrouvert. Un effluve de son parfum vient me chatouiller les narines. Mes sens perdent pied, comme à chaque fois que je le vois. Ou que je pense à lui. Ou que quelque chose me rappelle à son bon souvenir. Trois semaines se sont écoulées depuis... Je ne sais même pas comment appeler ça. Notre folie passagère ? Notre baise alcoolisée ? L’erreur la plus monumentale que j’ai pu faire de toute ma vie ? Trois longues semaines durant lesquels Johann a complètement cessé de m’adresser la parole pour autre chose que pour le travail. Plus de blagues. Plus de bières après le service. Plus rien d’autre que des regards distants et impersonnels. Et tout ça... de ma faute. Je n’aurai jamais dû nous entraîner lui et moi dans cette histoire courue d’avance. Deux collègues de boulot, fiancés tous les deux dont un père de famille, qui finissent par baiser sauvagement sur une table de restaurant ? Il n’y a que dans les films pornos que ce genre de scènes peut se dérouler sans incidence. Je ne sais pas comment j’ai pu croire que cela ne changerait rien entre nous. Enfin si. Si je suis totalement honnête avec moi-même, je sais pourquoi j’ai fait ça. Au fil des mois, mon attirance pour Johann a pris tellement de place dans mon esprit que j’ai fini par laisser de côté ...
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