1. Champagne ! (2)


    Datte: 18/05/2019, Catégories: Gay

    ... passe son temps à rire et blaguer avec les autres, ajoutant à chaque fois un peu plus à ma tristesse et à ma colère. Un jeudi soir, alors que je suis en repos et que Margot est partie pour deux jours en séminaire avec sa boîte, seul dans notre appartement, je fais quelque chose que je n’avais jamais fait jusqu’à maintenant. Cela fait trois bonnes heures que je tourne en rond comme un lion en cage, tournant et retournant dans ma tête tout ce qu’il s’était passé pour que j’en arrive là, et je me sens sur le point de devenir complètement dingue. Alors quand j’ouvre le réfrigérateur et que mes yeux se posent sur la bouteille de champagne que Margot garde au frais pour je ne sais plus quelle raison, je lâche un ’’et puis merde, tiens’’, attrape la bouteille et me laisse tomber sur le canapé. J’ai toujours pensé que boire seul était l’un des signes que l’on courait vers la mauvaise pente. Mais je vois mal comment les choses pourraient empirer pour moi, alors au diable les préjugés. Je fais sauter le bouchon qui s’expulse avec un PLOC pour aller rebondir sur le mur d’en face, à quelques centimètres seulement au-dessus de la télévision, et bois directement au goulot. L’alcool me pique la gorge et les bulles pétillent désagréablement dans ma bouche, mais je m’en moque. Je ne relève la tête qu’après avoir ingurgité une petite moitié du contenu de la bouteille. Je lâche un rot sonore en grimaçant. Naturellement, cela n’arrange rien à la situation. Pire encore, je sens déjà mon estomac ...
    ... remuer de mécontentement. Mais là encore, je m’en moque. Je n’ai que ce que je mérite, de toute façon. J’attrape la télécommande et zappe entre les quelque trois cents chaînes du bouquet satellite sans rien trouver qui puisse retenir mon attention. Pour ce qui est de se changer les idées, c’est raté. Je bois une nouvelle gorgée de champagne, beaucoup plus petite cette fois. Je ne tiens pas non plus à vomir tripes et boyaux. Et si je me trouvais un plan ? J’ai l’appartement pour moi tout seul jusqu’à demain soir... Me trouver un mâle alpha bien viril et en rut et devenir son objet le temps de quelques minutes n’est peut-être pas une mauvaise idée. — Sauf que tu sais très bien qu’il n’y a qu’un seul mâle avec qui tu as envie de faire ça, là, maintenant, tout de suite... Je soupire. Je me fatigue moi-même, à penser encore et encore, prisonnier de ma tête sans jamais trouver quoi faire pour m’en sortir. C’est au moment où je bois ma troisième gorgée de champagne que mon téléphone vibre dans ma poche. J’ai d’abord envie de ne pas regarder de quoi il s’agit. Il y a huit chances sur dix que ce soit un texto de Margot qui m’explique que son séminaire est d’un ennui sans nom. Mais mon instinct me dicte de sortir le téléphone et mon cœur rate un battement quand je le regarde. C’est un texto de Johann ! Devant chez moi. Passe me prendre. Pose pas de questions. Je reste une longue minute à lire et relire le message sans réagir. Puis la machinerie se remet en marche et je manque de sauter ...
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