1. Champagne ! (2)


    Datte: 18/05/2019, Catégories: Gay

    ... toutes mes barrières. J’ai trouvé une occasion, je l’ai saisie, et j’ai vécu la meilleure partie de jambes en l’air de ma vie. Si c’était à refaire, même aujourd’hui, sachant les conséquences que cela a eu, je ne sais pas si j’aurai la force de caractère de ne pas succomber à la tentation. Cette fin de soirée est presque devenue une obsession, au point d’en occulter tout le reste. Au point d’avoir enchaîné les engueulades quatre jours de suite avec Margot. Au point de ne même plus bander quand un beau gosse essaye de s’occuper de mon chibre... La frustration de voir notre amitié voler en éclats mêlée au désir plus vivace que jamais de renouveler cette expérience me mine le moral à chaque jour que Dieu fait. Le voir m’ignorer est un supplice. Le fait de devoir faire comme si de rien n’était pour garder la face aux yeux des autres n’arrange rien. Je n’arrive pas à savoir exactement pourquoi je me mets dans des états pareils, mais je sais que rien ne s’arrangera tant que je ne serais pas parvenu à tirer les choses au clair. Je suis sorti de ma rêverie par la porte des vestiaires qui s’ouvre. Johann entre. À croire que mes supplications silencieuses ont été entendues... Il se fige quand il me voit. Son visage se ferme. — Salut... je tente en restant le plus naturel possible. — Salut, répond-il sans même m’adresser un regard en ouvrant la porte de son casier. Je me mords l’intérieur de la joue. Est-ce que je dois saisir l’occasion, au risque d’envenimer les choses ? Ou est-ce ...
    ... que je dois le laisser faire son propre cheminement personnel et le laisser revenir à moi, si tant est que cela se produise un jour ? Contre toute logique, je choisis de saisir l’occasion. — Écoute, il faut qu’on parle de... — Je t’arrête tout de suite, me coupe-t-il en se plantant devant moi, le regard glacial. J’ai rien à te dire. Ni sur ça ni sur quoi que ce soit d’autre. Il ne s’est jamais rien passé entre nous, et nous ne sommes plus amis. On est de simples collègues de boulot et je te remercierai d’agir en tant que tel. C’est compris ? Sa voix est implacable. Froide. Sans appel. Je reste immobile, désemparé. — Tu peux sortir s’il te plaît ? Demande-t-il pour m’achever. Je n’ai pas envie de me changer devant toi. Dans un état second, à peine conscient de mes gestes, je finis de boutonner ma veste de cuisine et quitte le vestiaire. La seule consolation que je trouve dans ce désastre est qu’au moins la situation a été clarifiée. Seulement voilà, je ne m’en trouve pas mieux pour autant. Je crois même que je suis au fond du trou... ** Les jours suivants filent sans que je n’y prête vraiment attention. Je m’enferme dans une sorte de routine mécanique. Boulot/appartement/crises de Margot/réconciliations sur l’oreiller, et ainsi de suite... Tout sonne faux et creux. Comme si ma vie était un groupe de rock dont le batteur venait de foutre le camp. Johann, fidèle à ses paroles, me traite comme tous les autres collègues, à la différence près qu’il ne me calcule qu’à peine, quand il ...
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