1. Essais de résistance à la chaleur


    Datte: 25/08/2017, Catégories: f, fh, hplusag, Collègues / Travail profélève, dispute, Oral pénétratio, fsodo,

    — Non. Je sais pas. Oui peut-être. Il faisait nuit, et je n’avais qu’une hâte : qu’il arrête d’hésiter. Au-dessus, le néon lança un éclair blanc. Je m’impatientai. — Bon, je vais enlever la partie sur le commentaire des essais résistance à la chaleur de 2011, affirmai-je en embarquant mon tas de feuilles. On s’en fout, et puis c’est déjà paru dans des dizaines d’analyses, ils le balancent à chaque fois qu’ils parlent de textile.— C’est comme tu veux, vraiment, ça ne te dessert pas non plus mais… Celui qui hésitait tant, et qui ne disait « non » qu’en mâchouillant des « je sais pas », c’était mon directeur de thèse. Surdiplômé, et à la confiance d’un étudiant de licence. Bon, cela faisait maintenant presque trois ans qu’il dirigeait mes recherches et je n’avais pas eu à m’en plaindre, si ce n’est au sujet de ce manque affligeant et chronique d’affirmation de soi. Ce soir, j’étais à fleur de peau, vidée, au bout du rouleau. Je soutenais dans trois mois. Je n’avais plus rien dans mon frigo. Le week-end allait être un long fleuve de boulot. Et pour couronner le tout, j’avais mes règles. — Non, tu as raison, je vais l’enlever. Tu as raison. Oui, je le tutoyais depuis bientôt un an. Je crois que ça venait de cette soirée labo qu’un collègue avait organisée, et où nous avions découvert que nous étions originaires du même bled de l’Aude… Pas de quoi défriser un caniche, en soi. Mais le fait est que nous nous étions retrouvés à devoir entonner ensemble une chanson traditionnelle en ...
    ... occitan, à la demande expresse de notre chef de labo, après cinq ou six verres de punch. Fabuleux de ridicule. — Bon, tu as bien avancé… lança-t-il avec un léger sourire, nouant ses mains derrière sa nuque en s’étirant sur sa chaise de bureau.— C’est un euphémisme pour dire que je suis à un doigt d’avoir fini, j’espère !— Ne sous-estime quand même pas la dernière relecture et l’oral…— Et la mise en page, raillai-je. Je me dirigeai vers la sortie de son bureau et il se leva pour m’accompagner. Soudain, je fis volte-face et me retrouvai étonnamment proche de lui, qui s’appuyait négligemment dans l’embrasure de la porte. — Dis, Philippe. Tu me prêterais la clef du local à essais, pour demain matin ? Je minaudais innocemment, bien que le sachant, de toute façon, insensible à toute provocation. — Euh. Oui, je sais pas. Disons, oui, tu la mets dans mon casier en partant ? Un homme. Un homme… disons… « normal ». Un homme « normal » aurait sans doute rétorqué : « Et pourquoi donc, je te les prêterais, ces clefs ? » ou bien « Tu sais bien que tu ne peux faire tes tests qu’en ma présence » ou bien « Si tu veux, je t’accompagne ». Un homme « normal » aurait forcément mûri l’une de ces phrases-là parce qu’en vérité, je m’étais épuisée pendant plusieurs mois à essayer de le séduire, sans succès. Non sans résultat, car je sentais qu’il n’était ni insensible, ni impuissant. Il répondait, parfois, maladroitement, innocemment, inconsciemment, à mes assauts. Mais jamais de façon assez concluante ...
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