1. Essais de résistance à la chaleur


    Datte: 25/08/2017, Catégories: f, fh, hplusag, Collègues / Travail profélève, dispute, Oral pénétratio, fsodo,

    ... voix ! menaça-t-il, tendant son index vers moi, comme le faisait ma grand-mère quand elle voulait m’impressionner. Je bouillais. — Ça fait cinq minutes que c’est toi qui hurles, Philippe ! rétorquai-je. Il eut un lourd soupir. — C’est quoi, le problème, alors ?— Il n’y a aucun problème. En tout cas, j’ai pas envie d’en parler avec toi. Et surtout pas maintenant. J’avais toujours ma clef USB en main. — Bon, tu la veux, cette thèse ? Histoire que j’en ai pas chié trois ans pour rien ? Plus aucun contrôle sur mon langage. Un véritable défouloir. Je lui tendis, à nouveau, la clé. Il me jaugea du regard, un instant, puis s’en saisit, emportant mes doigts au passage. Ses yeux avaient viré au bleu nuit. Il ne lâcha pas ma main. C’était comme une joute, un bras de fer, à qui allait craquer le premier. Une bourrasque de vent agita le saule qui ombrait la fenêtre. Nos regards étaient verrouillés l’un dans l’autre. Je lui disais :« Vas-y, baise-moi ou gifle-moi, espèce de lavette ». Lui, je ne savais pas ce qu’il pouvait dire. Pas grand-chose sûrement, comme d’habitude. Ses doigts serraient fortement les miens. J’avais presque mal. En faisant pivoter mon poignet, il m’attirait contre lui. De si près, je sentais son souffle, rapide, sec, nerveux. Son odeur de clope froide, aussi. Et son espèce d’after-shave bon marché. J’étais hargneuse. Ma main tremblait dans la sienne. Mes doigts viraient au cramoisi. Et soudain, il faucha mes lèvres dans un baiser violent. Je crois que nos dents ...
    ... s’entrechoquèrent. L’USB tomba par terre dans un bruit de plastique brisé. Tant pis. Tant mieux. Sa main agrippait toujours la mienne. Son bras était passé autour de ma taille et maintenait mon bassin contre le sien, d’autorité. Et soudain, mon dos buta dans le mur, tout près de la porte d’entrée, a priori. Il tourna la clef dans la serrure et tâtonna violemment pour trouver l’interrupteur et éteindre la lumière. Il faisait nuit. —ooOoo— Je n’aimais pas préparer les oraux : je préférais faire au feeling. Il faut croire que l’oral d’une thèse publique, ça se monte. Philippe m’avait, plusieurs fois, proposé des séances de préparation. J’avais refusé. Je savais très bien que c’était suicidaire et que ça l’énervait, mais j’avais refusé. Je ferais très bien ça seule, devant des potes doctorants et le directeur de thèse d’une amie. La veille du jour J, je reçus un coup de fil de Philippe. Je n’avais pas entendu sa voix depuis un bon bout de temps. C’était depuis… enfin, depuis qu’il avait failli réduire à néant ma clef USB. Et pas seulement. Il me réexpliqua toutes ces histoires d’organisation, de débat du jury à huis-clos, des pièges à éviter, des critiques inévitables. Je stressais, mais j’avais confiance. À vrai dire, je ne garde comme souvenir de ma soutenance que la vision terrifiante du jury et du public, et d’un Philippe assez nerveux mais fier. Le reste, c’était du blabla et c’était passé comme une lettre à la Poste. Le trou noir. Quelques questions voulurent me déstabiliser. ...
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