Inconnue familière - Histoires de Sexe

Inconnue familière

... flamboyante. Lorgnant sur les gamines du coin de l’œil, il les suit. Son front s’empourpre. Il a cessé d’être père pour chuter au stade de simple géniteur. Cinq arrêts plus loin, sa descendance dévale les marches du véhicule. Fébrile, il lui colle aux basques, des accroches plein la tête mais aucune phrase qui ne convienne. Disparue, son aisance de cadre sup’, ce bagou qui faisait tant craquer les américaines. Cette gosse, il sait qu’il ne la lui fera pas. La vitrine d’une boulangerie lui fournit enfin l’occasion qu’il attendait. Laura a stoppé net devant les religieuses au chocolat. Il s’approche posément, le cœur battant au fond de la gorge, tentant ne pas l’effrayer. Puis, ouvrant la bouche, il laisse s’incarner la première formule venue : — C’est vrai qu’elles ont l’air bonnes… Quand j’étais petit, j’adorais ça, moi aussi. Elle le dévisage avec une assurance à peine étonnée. — Ma mère m’en achète, mais pas très souvent.— Je t’en offre une, si tu veux ? Laura fronce les sourcils, plus intriguée qu’inquiète de cette offre. — Je t’ai déjà vu quelque part… T’es un ami de maman ? Elle a dû en voir défiler, des « amis de maman ». Assez pour que ces visages anonymes finissent par gommer celui de Cyril. Ça ne le surprend pas, Valérie a toujours été très appréciée des hommes. — On peut dire ça… Bien qu’aujourd’hui, on ne soit plus vraiment amis. Que lui répondre d’autre ? Que cet inconnu familier n’est autre que son père ? Qu’à l’issue d’un divorce affligeant, il n’a rien trouvé ...

... de mieux que s’enfuir au pays de l’oncle Sam ? Précédé de la fillette, il entre dans la pâtisserie. — C’est celle-là que je veux ! La commerçante les regarde avec insistance tandis qu’il paie. Depuis son comptoir, elle a dû le voir accoster Laura. Cyril ressent dans toutes les fibres de son corps l’imposture qui se joue… Il doit sortir d’ici, très vite, avant de ne plus maîtriser ses émotions, avant que les gens ne deviennent trop curieux. — Merci, lui dit Laura, en mordant dans le gâteau, la joue maculée de crème pâtissière.— Mais de rien jeune fille, souffle Cyril. Au fait, il paraît que c’est ton anniversaire, aujourd’hui ? Sa voix s’est cassée sur la fin de la phrase ; une appréhension soudaine émerge dans les yeux de Laura. Ne pas parler aux inconnus, surtout s’ils ont l’air bizarre ! — Il faut que j’y aille… Ma mère va s’inquiéter.— Attends ! J’ai… j’ai un cadeau pour toi. Avant qu’il ne puisse sortir le paquet de sa poche, la gamine a tourné les talons. Cyril renonce à lui courir après. En embuscade derrière ses petits pains dorés, la boulangère ne le quitte pas du regard. Il titube jusqu’à un banc, près de l’arrêt de bus. Ces instants volés ont déjà l’amertume des regrets. Par Shiva__ C’est à ma dernière déglutition que j’ai eu une pensée toute personnelle : — Je les aime doux, mais pas gras. Le problème étant que s’ils ne sont pas gras, ils sont acides, et je n’aime pas. Par ailleurs, quand ils sont doux, ils sont gras, et je n’aime pas non plus. Et enfin les« lights ...