1. Le prix à payer (3)


    Datte: 21/06/2019, Catégories: Hétéro

    ... mais je n’en attends pas de reconnaissance… d’ailleurs je n’en ai pas. — Je le vois bien, Irène. Je ne suis pas aveugle. Moi je vois tout ce que vous faites, et je vous apprécie pour ça, et je vous en remercie. Vous êtes une petite femme magnifique." Elle avait bien compris que ce qualificatif qu’il venait d’employer n’était pas destiné à son physique - bien qu’elle n’eut pas remarqué ses regards à la dérobade sur le bas de ses cuisses gainées de nylon brun sombre, sa jupe s’étant remontée quand elle était assise - mais l’expression en était d’autant plus élogieuse. Avait-il à ce point une admiration pour elle, ou était-il en train d’essayer de la séduire ? Ils arrivèrent au restaurant. Il redoubla d’attentions pour elle. On les installa, comme convenu, à une petite table, dans un recoin de la salle, à l’écart. Il y avait encore moins de monde que la fois précédente. Mr Buzzato lui ôta son manteau, et l’accrocha lui-même à la patère. Autant de galanterie pouvait paraître incongru et anachronique, mais il faisait ça avec un tel naturel et une telle élégance, Irène était sous le charme. Elle commençait à se demander de quoi ils allaient pouvoir parler, étant donné qu’elle ne savait rien de la négociation en cours et qu’elle se savait, qui plus est, parfaitement incompétente en la matière ; et pour tout dire, elle avait d’abord eu une légère appréhension (toujours ce fond de méfiance tapi en elle), espérant qu’il n’avait pas pour but de la faire parler, de glaner des ...
    ... informations qui auraient pu lui servir à lui pour mieux négocier le contrat, mais il amena la conversation sur des sujets tout autres, ce qui la soulagea. Elle n’avait de toutes façons aucune information sur l’affaire, son patron la maintenant dans l’ignorance la plus totale (elle n’entendait rien aux questions techniques de la production, ce qui l’arrangeait bien, pour l’heure.) Ils commandèrent, sans se soucier de Lefranc, dont on ne savait plus quand il arriverait. Irène, d’ailleurs, n’avait même plus envie qu’il vienne, et si elle avait dû passer le déjeuner en compagnie du seul Buzzato, elle en aurait été heureuse à ce moment-là. Sans lui demander son avis, il avait d’autorité commandé deux coupes de champagne. " - Parlez-moi un peu de vous, Irène. Ça fait longtemps que vous travaillez dans cette entreprise ? — Dix-sept ans" répliqua-t-elle en réprimant un soupir. " - Quand même… ! Vous avez dû en voir passer, des directeurs ? — Pas tant que ça. Avant c’était une petite entreprise, plutôt familiale, créée par les anciens patrons, et ils sont restés en poste jusqu’à ce qu’ils revendent l’entreprise, il y a quelques années. Il y avait plutôt une bonne ambiance, à cette époque… Enfin, je veux dire" se reprit-elle, "ça n’est pas que l’ambiance soit devenue difficile, mais vous savez comment c’est devenu maintenant, le monde des affaires, il faut de la rentabilité, toujours plus… — Oui, bien entendu. Nous vivons dans un monde dur" dit-il avec un accent qui sonnait faux. " - Oui c’est ...
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