1. Le Pédoncule de l'enfer...


    Datte: 21/06/2019, Catégories: jardin,

    Antoine, le père de Julien, passionné de plantes et de fleurs, cultivait son jardin avec amour. Chaque soir, après le travail, il passait deux ou trois heures suivant la saison, à biner, sarcler, arracher les mauvaises herbes, ou planter de nouvelles graines, surveillant la pousse et les floraisons comme un maître jaloux de ses possessions. Et tous les matins, avant de partir à l’usine, il parcourait les allées entourant la maison, vérifiant la bonne marche de l’arrosage automatique programmé, qu’il avait lui-même installé. Après l’école, le petit Julien aimait bien lui aussi, avant de s’attaquer à ses devoirs, rejoindre son père et le regarder travailler, posant d’innombrables questions auxquelles son papa répondait toujours avec une infinie patience et beaucoup de rigueur. Le mercredi après-midi, il aidait au désherbage, récupérant les petits tas de végétaux arrachés et vidant ensuite la brouette sur le tas de compost situé derrière la maison. À force d’amour, d’attentions et de soins prodigués, le jardin pavillonnaire resplendissait et embaumait chaque printemps. Les voisins, admiratifs et un peu jaloux, venaient souvent demander des conseils à Antoine qui n’en était pas avare, pour leur propre jardin. Un jour, alors qu’à son habitude son père arrachait les mauvaises herbes, Julien le vit examiner attentivement à ses pieds une sorte de petit végétal. Pas très haut, vingt centimètres à peine, dépourvu de feuilles et de ramures, il dépassait du sol comme un objet ...
    ... insolite et incongru au milieu de la verdure ambiante. L’enfant s’approcha et demanda ce que c’était. — Je l’ignore, répondit le jardinier. Je n’ai jamais rien vu de tel. Une sorte de parasite sans doute… Il déracina prestement l’importun et l’envoya rejoindre les autres déchets dans la brouette. Le lendemain, exactement à la même heure et au même endroit, l’objet non identifié réapparut. Une nouvelle fois, Antoine l’arracha, intrigué. Cependant, avant de le jeter, il l’examina attentivement. Cela ressemblait à une courte tige, d’un vert pâle, absolument nue et dépourvue de racines. Le jour suivant, même surprise, exactement au même endroit. Le jardinier, pourtant expert, y perdait son latin. Il décida de laisser les choses en l’état afin de surveiller la pousse de cet étrange pédoncule qui, assurément, n’avait pas du tout sa place dans son univers végétal. Mais les jours suivants, le parasite ne grandit pas. Il conserva sa taille originelle et, si Antoine n’avait pas chaque soir, afin de pouvoir l’observer à loisir, arraché les mauvaises herbes autour de lui, elles auraient fini par le dissimuler tout à fait. Excédé, le jardinier arracha, une fois encore rageusement, cette verrue inutile et disgracieuse de son bel espace si bien entretenu. Peine perdue ! Chaque matin, l’excroissance réapparaissait, prenant un malin plaisir à le narguer. Antoine consulta des encyclopédies, visita les sites Internet qui traitaient de plantes rares, arbustes insolites, graines parasites et autres ...
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