1. Le Pédoncule de l'enfer...


    Datte: 21/06/2019, Catégories: jardin,

    ... habitants peu courants des parcs et des jardins. Sans succès. Rien ! Il ne put rien découvrir concernant cet agaçant intrus ! Cela le minait. Julien, désolé de voir son père soucieux et contrarié, ne savait que faire pour l’aider. La mère se moquait gentiment de son mari, sans cependant trop insister, car elle connaissait la susceptibilité à fleur de peau de son époux concernant tout ce qui touchait à sa passion. Voyant que rien n’y faisait, Antoine, de guerre lasse, renonça finalement à arracher ce « Pédoncule de l’enfer » comme il l’appela, se résignant à l’entourer d’un massif de fleurs discrètes, mais de bon goût. Inutile de planter une garniture imposante, puisque ce « Machin ! » ne se développait pas. Les mois passèrent. Chaque soir, avant de commencer l’entretien de l’univers végétal, notre jardinier pointilleux et obstiné, s’assurait que son « Pédoncule de l’enfer » demeurait invisible afin de ne pas perturber l’harmonie de ses créations. Julien, en cachette, surveillait aussi. Antoine mourut, à 58 ans, d’un infarctus, alors que son fils venait d’avoir seize ans. Tombé, un soir, dans son jardin, au milieu de ses chères plantes, il ne s’était pas relevé. Son épouse qui ne s’intéressait pas plus que ça à l’œuvre de son mari, ne conserva autour du pavillon que quelques massifs qu’elle continua d’arroser et d’entretenir. Mais des pans entiers du magnifique jardin retournèrent à l’état de friche. Julien n’avait pas hérité de la passion de son père. Ce qu’il aimait enfant, ...
    ... ce qu’il enviait et respectait surtout, c’était l’amour de son père pour son jardin. Il adorait voir le visage de son père, irradié de bonheur, quand il constatait que son travail produisait de splendides résultats. Il savait que ce dernier, si méticuleux, avait beaucoup souffert de l’épine dans son talon que représentait le « Pédoncule de l’enfer ». Chaque jour, il avait vu cette blessure s’infecter davantage et, qui sait, peut-être avait-elle contribué, par son caractère malin, à sa disparition brutale. Le jeune garçon fit des études brillantes, demeurant avec sa mère jusqu’à ses 21 ans. Souvent, en rentrant chez lui, tard dans la nuit, il rendait visite au « Pédoncule de l’enfer ». Relégué au milieu des mauvaises herbes, lui seul s’intéressait encore à cette excroissance qui avait perturbé les dernières années de la vie de son père. La mauvaise herbe ne se décidait pas à disparaître. Même sans aucun entretien, sans arrosage, elle était toujours là, dans le même état, comme un défi invisible et incompréhensible. Titulaire d’un master en sciences humaines et sociales, souhaitant devenir ethnologue, Julien obtint une bourse d’étude qui lui permit d’embarquer, à 24 ans, pour un long voyage d’études en Asie. Plongé dans des cultures totalement à l’opposé de son éducation européenne, mais d’un tempérament ouvert et curieux, il prit un plaisir immense à découvrir d’autres cultures, écoutant longuement les autochtones évoquer leurs croyances et leur mode de vie. « Sur les traces ...