1. Le roi qui voulait être un homme


    Datte: 02/07/2019, Catégories: nonéro, portrait, historique, aventure,

    ... étaient indignes de leurs charges et vivaient dans l’abondance, la plupart de ses ministres crevaient littéralement de faim et se dévouaient corps et âme au secours des indigents. Aldemar et Pharamond connaissaient bien cette situation. Le premier pour avoir servi le Vert-Galant, le second pour avoir accompagné son père à différentes occasions au cours de ses missions secrètes. Face à tant de malheurs dus à l’égoïsme des hommes, on ne pouvait certes pas grand-chose. Mais lorsque la situation devenait vraiment insupportable et que l’on ne pouvait agir à découvert, alors… alors était né le cavalier noir. Il ne pouvait changer la vie ni du royaume, ni de la province, mais parfois, au cas par cas, permettre aux plus souffrants de pouvoir continuer de croire en une justice dépassant celle du commun des mortels. ****************** Si Concino Concini n’appartenait pas au commun des mortels, il n’appartenait pas non plus aux esprits éclairés sur qui le royaume de France aurait pu compter pour guérir de ses maux. En promulguant l’Édit de Nantes, Henri IV avait, au péril de sa vie – au sacrifice même devrait-on écrire – pacifié et commencé à panser les plaies des Français. Il eût fallu qu’à sa mort son successeur continue son œuvre ; hélas, Louis XIII n’avait que neuf ans lorsqu’il monta sur le trône, et la régence fut confiée à la pire personne qui soit, c’est à dire Marie de Médicis, sa mère. Oh, la pauvre femme n’était pas « diabolique » à l’image de madame de Merville, mais elle ...
    ... était sotte, emportée, vindicative, superstitieuse, jalouse, incapable de voir plus loin que l’heure suivante, et fort disgracieuse au point de faire passer le bon roi Henri pour un saint martyr, ce dernier lui ayant quand même fait des enfants… Concini donc, époux de Leonora Dori – qu’on appelait « la Galigaï » – exerçait avec elle son emprise sur la régente, et avait été nommé Premier ministre. Sa simple nomination à ce poste permet déjà de constater l’immensité de la sottise de Marie de Médicis. Le peuple, comme la noblesse, haïssait de concert cet homme prétentieux, arrogant, détestable, sorti du ruisseau, n’ayant jamais tiré l’épée sur un quelconque champ de bataille, ignorant de tout – sauf du montant de la fortune qu’il avait extorquée au royaume à force de malversations –, osant prétendre (lui qui sortait de nulle part) que le fils du bon roi Henri méritait le fouet, désir que la reine mère accordait alors sans réfléchir plus loin que le bout de son appendice nasal proéminent. Dans sa terrible arrogance, Concini avait été jusqu’à se faire nommer Maréchal de France (sans jamais s’être battu ailleurs que dans les couloirs du Louvre, et seulement avec des mots prononcés dans un exécrable français) et à acheter (avec l’argent du royaume bien entendu) le marquisat d’Ancre, ce qui lui avait valu le sobriquet de « Maréchal d’Encre », jeu de mots certes facile, mais qui le mettait en fureur et dont les beaux esprits de la cour faisaient leurs délices. Afin de permettre au ...