Le roi qui voulait être un homme
Datte: 02/07/2019,
Catégories:
nonéro,
portrait,
historique,
aventure,
... peuple, et il la reçoit de la grâce de Dieu ; une grâce que personne – fût-ce un Roi – n’est en droit de refuser.— Et s’il est empêché de régner ?— Alors il doit se battre pour reconquérir son royaume.— Contre sa propre mère ?— Louis, votre mère n’est rien sans ceux qui la soutiennent. S’ils venaient à disparaître, elle serait dans l’obligation de vous céder la place.— Mais je ne puis envoyer mes armées contre un homme, et encore moins contre mon Premier ministre. Et dans les temps présents, seule ma mère, qui s’y opposera avec la violence que vous savez, serait en mesure de le destituer. Je n’ai pas la réalité du pouvoir, bien que j’en aie le titre. Je suis comme un pantin de bois, exilé du pouvoir, dans mon propre palais.— Peut-être le temps est-il venu de « renverser la table », comme on dit.— Je vous écoute, Luynes…— Vous pourriez faire arrêter Concini.— Et par qui ? Par lui-même ?— Imaginons que des hommes qui vous sont fidèles arrêtent cet imposteur, sur votre ordre. Le royaume n’a plus de Premier ministre, votre mère est désarmée, et vous reprenez enfin les rênes du pouvoir.— Elle s’y opposera.— Et comment, si les fidèles qui ont arrêté Concini vous entourent, et que vous lui laissiez le choix entre se démettre ou le rejoindre en cellule ?— Il s’agit d’une sorte de coup d’État, n’est-ce pas ?— D’un point de vue juridique, sans doute ; mais vous jouez sur du velours : personne ne viendra se plaindre de la mise à l’écart de cet imposteur.— Entre ne pas se plaindre et ...
... risquer sa vie, il y a un fossé que peu d’hommes sont capables de franchir, Luynes.— Laissez-moi quelques jours afin de que je puisse vous prouver le contraire, Sire.— Luynes, mon cher Luynes… Vous savez comme je vous aime. D’un amour qui va bien au-delà de l’amitié que je vous porte, bien au-delà de celui qu’un roi peu éprouver pour ses sujets sans attirer les moqueries des imbéciles. Je vous en prie, mon très cher ami, ne prenez pas de risques. Vous savez à quel point je suis faible aujourd’hui alors que vous m’épaulez sans cesse. S’il vous arrivait malheur, je ne serais plus rien. ****************** Charles Albert, duc de Luynes, aimait son roi comme un père peut aimer son fils. Cette place de père, il ne l’avait pas voulue : elle s’était imposée. Louis recherchait tendresse et protection, mais il n’avait ni l’une ni l’autre au Louvre. Qu’attendre de Marie de Médicis en matière d’affection ? Qu’attendre de Concini en matière de protection ? Ainsi, peu à peu, les cours de fauconnerie avaient fait place à une vraie camaraderie, puis à une amitié particulière dont Luynes comprenait l’ambiguïté mais qu’il refusait de repousser, non pas par ambition, mais par un de ces réels amours qui resteront éternellement un mystère, et que personne jamais ne saura combattre d’une façon ou d’une autre. De retour dans ses appartements, Charles Albert envoya des messages à ses amis Vitry, Persan et Fouquerolles, barons de leur état, et qu’il savait acquis à la cause du jeune roi. Puis, il se mit ...