Concert
Datte: 10/07/2019,
Catégories:
fh,
inconnu,
caférestau,
cérébral,
revede,
nopéné,
nonéro,
portrait,
coupfoudr,
... Rester en position, continuer à la faire parler, tenter de dédramatiser. — Marie-Thérèse, pourquoi dis-tu qu’« on t’a dirigée vers moi » ?— Ah ! ça c’est assez drôle. J’appelle ça mes gestes ratés angéliques. Tu vas me croire complètement folle. Depuis longtemps j’ai remarqué que quand je fais ce qui peut sembler une erreur, un geste raté, très souvent c’est un signe, on veut m’indiquer quelque chose. La première fois que j’en ai pris conscience j’étais au secondaire. J’avais échappé mon crayon. Je me penche pour le ramasser et je vois sous le bureau mon ami du temps qui a la main sur la cuisse, sous la jupe, de mon amie Geneviève. C’est drôle, non ? Tiens, l’autre jour, juste avant de partir pour le travail le matin, j’échappe mes notes de cours… et je trouve dans le repli de la housse qui recouvre mon sofa la boucle d’oreille que je cherchais depuis longtemps. Il y a deux ans, j’ai raté mon autobus. Je ne rate jamais mon autobus. Je l’ai vu passer sous mon nez. Eh bien, quelques rues plus loin il a dérapé et est entré dans un abribus. Mes gestes ratés me parlent.— Et moi dans tout ça ?— À l’entracte dimanche passé quand j’ai été me chercher quelque chose à boire je me suisenfargée, je me suisenfargée(*) dans rien ! J’ai dû m’appuyer sur toi pour ne pas perdre l’équilibre. Un geste raté… j’ai voulu suivre le signe, voir.— Et ?— Et je t’ai trouvé… beau ! Retiré, serein, tu me faisais penser à un pâtre surveillant son troupeau. Tu souriais, juste un petit sourire à peine ...
... perceptible. Tu m’as plu. Voilà. Beaucoup trop. Et je ne veux pas. Tu dois me trouver très compliquée, n’est-ce pas ?— Je n’ai pas à me surprendre, je t’ai créée femme.— Je te déçois ?— Je t’ai créée belle, attirante, avec un sourire qui illumine tes yeux. Irrésistible. Tu vis maintenant ta propre vie. On n’est jamais maître de sa création, jamais. C’est la grande erreur de le croire. Je t’ai créée mais je ne te connais pas, je ne connais pas ton histoire, tes blessures. Je veux te découvrir…— Et me dénuder, avoue !— Oui, ça ne fait aucun doute. Et peut-être plus.— Plus ?— Oui, peut-être te punir si tu m’interromps encore avec tes propos… scabreux.— Tu vois que je fais bien de me méfier de toi.— Tu ne sais pas jusqu’à quel point ! Bon, je continue. La création : quand un couple amoureux décide de créer un enfant, ils ne savent pas comment évoluera cette création, ils n’en ont aucun contrôle, malgré ce qu’ils peuvent en penser. Comment sera ce nouvel être à 18 ans, à 30 ans ? Sera-t-il architecte, pompier, plombier ? Sera-t-il heureux en amour, optimiste, dépressif ? Sera-t-il en harmonie avec sa famille ? On crée, on ouvre les bras, on laisse aller. Quand des amoureux décident de créer un couple, ils ne savent rien de ce qui va advenir dans 6 mois, dans 5 ans, dans 30 ans. On crée, on ouvre les bras. On n’a aucun contrôle sur nos créations. Tu ne fais pas exception, et c’est bien ainsi. Toi et moi on peut décider de créer ensemble, ou pas. La peur peut tout paralyser. On a le ...