1. Elle m'obsède...


    Datte: 26/08/2019, Catégories: fh, fplusag, inconnu, prost, collection, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme init,

    ... ces établissements, peu recommandables et jamais inscrits au Guide Michelin : des portes cochères. Entrées aux portes de bois sombres qui s’ouvraient sur des couloirs encore plus noirs et étriqués, aux escaliers verticaux et sinistres. Dehors, les pierres luisaient de crasse, usées par des décennies de frottements des corps des femmes qui attendaient le chaland. C’est là que s’abritaient les hétaïres locales. Jeunes et souvent moins jeunes, toujours court vêtues, en cuissardes vernissées aux talons éculés, poitrines opulentes et largement étalées sur leurs bras croisés. Un réticule à l’épaule ou au bout des doigts, elles patientaient en attendant le client, appuyées contre un mur, renfoncées dans un angle de porte pour s’abriter du froid ou faisaient les cent pas dans de maigres rayons de soleil. Blondes, brunes, rousses, l’œil outrancièrement maquillé et les lèvres outrageusement peintes d’un rouge vif et agressif, il y en avait pour tous les goûts. Et puis, il n’y en avait pas une, pas dix, il y en avait plusieurs dizaines et certaines semaines, elles pouvaient être plus d’une centaine. C’était alors le signal de l’arrivée d’une « bordée », débarquement de marins assoiffés d’alcools et frustrés de femmes, qui envahissaient la basse ville. Dans ces semaines-là, il fallait mieux éviter d’aller fréquenter les quartiers « chauds » car les bagarres y étaient monnaie courante. Moi, j’aimais traverser ces vieux quartiers, pittoresques. Je n’y entrais jamais sans un frison le long ...
    ... de ma colonne vertébrale, tel l’explorateur qui pénètre dans une jungle pour la première fois, appréhendant ses mille pièges. Au début, je marchais en baissant la tête, jetant un regard rapide et curieux, plein d’envies, de fantasmes et de concupiscence envers les quelques bars ouverts sur la ruelle. Antres obscurs où des cuisses nues aux chairs blanchâtres et avachies étaient les seuls éclairs lumineux. Quelquefois aussi, une chevelure d’ange blond platine brillait dans les néons et souvent un rire de gorge accompagnait une musique mécanique ou une sono criarde. Les odeurs qui s’en échappaient étaient fétides, âcres et lourdes. Elles se mélangeaient aux odeurs épicées de la rue, à celles des ordures qui traînaient par-ci, par-là et ce mélange capiteux finissait par se confondre avec l’air iodé du port tout proche ; un air chargé en vapeurs de gasoil, d’iode et de poisson. Plus j’avançais dans les rues, plus les odeurs devenaient prégnantes et grisantes, et plus mon regard fuyant accrochait les silhouettes des filles qui attendaient. Moi, les mains dans les poches, serrant mes maigres économies, le front moite, les jambes tremblantes, j’avançais toujours la tête baissée, cherchant à embrasser un maximum de visions pour m’en refaire le film plus tard. Trop timide pour aborder l’une d’entre elles, j’accélérais le pas dès qu’une apostrophe semblait m’être adressée, rougissant et tournant ostensiblement la tête vers ailleurs, l’air affairé de celui qui refusait le contact et le ...
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