1. Elle m'obsède...


    Datte: 26/08/2019, Catégories: fh, fplusag, inconnu, prost, collection, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme init,

    ... fortes, un mélange de sciure, de tabacs, de relents d’alcools et de parfums bon marché. Plus loin, je croisais les premiers regards des femmes que j’osais enfin affronter. Elles avaient un sourire triste qui se voulait engageant. L’œillade facile et discrète, la bouche formait alors une sorte de rictus quasi mécanique qui hésitait entre le baiser envoyé de loin et l’appel discret. Mon front devait dégouliner de sueur mais au moins je contemplais enfin la réalité en face. Plus je m’enfonçais dans la vieille ville, plus les rues devenaient étroites. Errant de rue en rue, à la recherche de je-ne-sais-quoi, mes pas me faisaient passer une première fois devant une grande blonde, les cheveux courts, les épaules larges, la cambrure des reins bien creusée, la jupe presque sage. Elle était en train d’emballer un client âgé à la mine fourbe et au regard inquiet. Les yeux exorbités, je les suivais pour m’instruire, pour paraître ensuite décidé et ferme. Mais je continuais mon errance, évaluant les unes et les autres au fur et à mesure de mes rencontres et du désir qui montait en moi et ne me quittait plus. L’une était trop petite, l’autre trop boulotte. Celle-là était trop négligée. Celle-ci trop brune. Cette dernière-là louchait. Plus loin, elle était trop vieille. Certaines fois, mes pas me ramenaient vers l’une d’entre elles aperçue plus tôt. Quand pour la seconde ou la troisième fois je repassais devant, elle affichait alors un sourire moqueur ou jetait vers moi une œillade ...
    ... complice accompagnée d’un inévitable « Hep ! Tu viens… » à moitié susurré sur un ton souvent las et désabusé. Quelques-unes disparaissaient au fil de mon parcours, d’autres apparaissaient ou réapparaissaient. Et inéluctablement mes pas me ramenaient vers la grande blonde. Elle avait fini par revenir au pied de sa porte cochère, reprenant son attente. Épaules appuyées contre les pierres froides et sales, sac pendant sur son ventre. Elle n’était ni jeune ni vieille. Juste entre deux âges indéfinissables. Ses cheveux courts encadraient un visage carré. Elle avait deux yeux gris-bleu, cernés de fatigue. Elle n’avait pas outré son maquillage. Son corps me semblait accueillant, car ni gros ni maigre. Elle n’était pas attifée comme un carnaval ambulant et portait des vêtements anodins. En la croisant pour la seconde fois, nos regards se sont accrochés. Elle a souri, machinalement, instinctivement. Elle avait une cigarette, coincée au bord des lèvres et m’a interpellé : — T’a pas du feu ? Il m’a bien fallu trois pas pour me retourner et l’interroger du regard, lui faisant comprendre que je ne savais pas si sa question m’était vraiment destinée. — T’as pas du feu ? reprit-elle, plus fort. En poussant un grand soupir, j’ai sorti mon briquet de ma poche - à cette époque, déjà, je fumais - et je suis revenu en arrière. J’ai approché ma main légèrement tremblotante de sa cigarette et tandis qu’elle aspirait la première bouffée, elle me soufflait au visage : — Je t’emmène ? J’étais là, devant ...
«1...345...11»