Elle m'obsède...
Datte: 26/08/2019,
Catégories:
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Voyeur / Exhib / Nudisme
init,
... recherchait en même temps. Combien de fois ai-je pu repousser le moment fatidique de satisfaire cette envie de plus en plus pressante ? Chaque fois, je me fixais des limites, je me lançais des ultimatums. Chaque fois, j’en reculais davantage les bornes et finissait par dépasser le quartier chaud, sortant tout ébaubi de ce lacis de rues, me morigénant intérieurement en serrant mon billet de cent francs et en me promettant « Sûr, la prochaine fois… » À force d’en arpenter les rues, je m’étais familiarisé avec ces lieux, ces façades crasseuses et ces odeurs si particulières. J’en avais repéré les habitués, femmes et hommes. De mémoire, je pouvais refaire le chemin en revoyant telle ou telle femme dont j’avais capté l’attitude, enregistré les gestes et la tenue, à la sauvette. Après, je pouvais me rappeler un décolleté sur une poitrine presque nue qui m’avait paru opulente, avec une peau rougie de froid, tachetée et grenée par l’âge. Le sourire fugace d’une autre. Le regard vide d’une troisième ; une grande brune toujours triste qui avait pris ses quartiers devant une porte basse, sa tête appuyée sur la pierre noire de crasse où était gravée une croix occitane, souvenir d’un lointain passé plus glorieux. Et cette familiarisation me permettait aussi de redresser la tête lorsque j’entrais dans ce dédale de ruelles. Pourtant, au moindre sourire, à la moindre œillade, mon regard replongeait vers l’asphalte qui ondulait soudain sous mes pieds et me faisait alors tanguer, puis ...
... trébucher, avant d’accélérer une nouvelle fois le pas. Et une fois encore, je me retrouvais de l’autre côté, incapable que j’avais été d’assouvir mes désirs, et comme une litanie je me répétais « La prochaine fois, ce sera la bonne… » Autour de moi, mes copains les plus affranchis, les plus téméraires, continuaient à se vanter de leurs bonnes fortunes. Ils nous racontaient par le menu détail et dans un langage cru, imagé et salace, leurs dernières rencontres. Ils laissaient pantois ceux qui, comme moi, se taisaient et vivaient ces ébats dans leur tête et en CinémaScope. Et, chaque fois, je tentais de raisonner ma timidité en me promettant de me joindre au prochain chorus et d’entrer dans ce cercle d’initiés. Un après-midi, plus ensoleillé qu’un autre ou plus chaud, j’ai sauté le pas, j’ai franchi cette barrière qui transforme le garçonnet en homme. J’ai osé. Une fois encore, j’avais pénétré sciemment dans la vieille ville avec la ferme conviction de passer à l’acte. J’avais rangé, bien serrés dans mon porte-monnaie, mes billets et quelques menues pièces. Le matin je m’étais étrillé sous la douche et avais même emprunté le rasoir paternel pour éliminer quelques duvets folâtres qui commençaient à orner mon menton. Sapé comme un prince, je remontais une première rue, m’enhardissant à garder le regard fixe et curieux sur les intérieurs des bars à matelots. Dans les ombres glauques, j’y distinguais des chairs tristes, des attentes languissantes et j’en captais les odeurs entêtantes et ...