1. Quatre putains de mois


    Datte: 08/09/2019, Catégories: hh, couple, amour, volupté, Oral préservati, hsodo, ecriv_f,

    Quatre mois. J’ai déjà monté cet escalier vite, mais sans doute jamais à ce point. J’arrive, haletant, sur le palier. Je n’ai pas le temps de lever le bras pour sonner. La porte s’ouvre, il me happe, il m’aspire et sa bouche enfin se colle à la mienne. Quatre mois. J’avais été envoyé en mission en Thaïlande. Une saloperie de plate-forme à expertiser. En fait, nous étions deux du Génie sur place. Moi pour le côté corrosion, et Denis Gédenard pour la résistance mécanique. Quatre mois à faire des mesures, décider de plans de plongées, analyser des courbes et renvoyer quatre-vingt fois les mêmes prélèvements au labo. Quand j’avais demandé à pouvoir revenir une semaine en milieu de mission, ça m’avait été refusé. On a parlé de coût, de retard, et puis l’argument ultime : « Voyez Gédenard, il a une femme et deux gosses, et il s’arrange. » Connerie d’argument. Ç’a porté, bien sûr. Ça porte toujours. Est-ce que si j’étais hétéro je n’aurais pas si peur de me défendre ? Quatre putains de mois. Il déboutonne ma chemise, maintenant. Je sens son souffle sur mon torse, moi je halète encore, essoufflé par ma course et surtout par le plaisir. Je cherche sa bouche. Sa joue râpeuse irrite mes lèvres, c’est bon. Je trouve sa bouche, je la prends. Ces baisers trop fougueux, ces baisers d’après l’abstinence, me font souvent penser aux luttes que peuvent avoir entre eux les mâles en parade nuptiale. Nous cherchons un accord, nous voulons trop, trop vite. Mes dents choquent les siennes, je recule ...
    ... un peu, il me cherche, me fouille, je réponds à mon tour, son souffle devient court, il cherche à reculer. Je passe ma main derrière sa tête, pour le garder. Il s’appuie sur mon poignet, je m’avance un peu. Sa main elle aussi vient forcer mon baiser. J’aime cela. J’aime quand nos langues mêlées, nos corps l’un contre l’autre, nous font nous retrouver. Quatre mois. Le samedi, le directeur de la plate-forme nous sortait, Gédenard, moi et souvent quelques clients. Il nous disait monts et merveilles d’un nouveau restaurant local, où l’on servait invariablement une cuisine salée, sucrée et épicée à la fois. J’aurais bien été incapable de dire ce qu’il y avait dans mon assiette, ou même si je trouvais ça bon. Mais ça changeait de l’alternance steak-frites/colin-haricots que l’on servait aux Européens sur la plate-forme. De toute façon, qu’importe. Car la conversation tournait inévitablement autour des escort-girls qui, dans une avalanche navrante de clichés, agrémentaient ces repas. Quatre mois. Ces jolies Thaïs, robe de satin noir ou rouge au décolleté sage et à la jupe fendue presque jusqu’à la taille, parlant à peine anglais, faisaient à elles seules les frais de la conversation. Gédenard les questionnait de manière innocente, puis faisait à notre intention pléthore de jeux de mots gras. Il était souvent en cela suivi par les clients. Je me bornais à sourire, en feignant de me préoccuper de ma voisine. Ces repas, heureusement, ne s’éternisaient pas. Aucun des convives masculins ...
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