1. Le secret d'Élyse


    Datte: 14/09/2019, Catégories: fh, ff, cérébral, revede, nostalgie, portrait, couple, extraconj,

    ... idiote qu’elle parlait toute seule. Et une autre idée lui traversa d’un coup l’esprit. — Ma pauvre fille, voilà que tu parles toute seule. Attention Élyse ! Seuls les fous et les folles rient de leurs plaisanteries. Remue-toi un peu le popotin, sinon tu vas devenir dingue. — xxxXXxxx — Ce matin, pareil à tous les autres, Loïc était parti à son travail. Oh ! Pas bien loin, pas un long chemin, juste quelques kilomètres sur une route dont il connaissait chaque bosse, chaque trou. Pas un seul virage qui puisse le surprendre. Depuis vingt-deux ans, il faisait ces quelques bornes quatre fois par jour. Sauf les week-ends puisqu’il ne travaillait pas. La nuit avec Élyse restait au fond de son crâne. Un vrai régal, cette femme c’était sa vie. Il revivait dans sa tête les heures plutôt douces et tendres de la nuit, la fête de leurs deux corps si parfaitement synchronisés. Élyse et lui, une histoire d’amour banale, une histoire pourtant qui durait depuis le même temps qu’il faisait ce trajet. Il songeait qu’il avait beaucoup de chance d’avoir croisé la route de son Élyse et qu’elle et lui, c’était encore si… chaud. Ses reins lui rappelaient cependant que toutes les folies d’alcôve se payaient cash au lever, avec l’âge. Mais il sourit de cette passion qui les avait encore réunis une bonne partie des heures sombres. Il aimait faire l’amour à cette diablesse qui le lui rendait point pour point. Il songea un instant qu’un peu de musique serait un plus pour célébrer cette nouvelle journée ...
    ... qui avait si bien débuté. Il se pencha pour ouvrir le vide-poche de sa berline. Ses doigts attrapaient le boîtier de son CD préféré quand il releva la tête. Face à lui, l’ombre énorme d’un tracteur agricole se profilait à toute allure. Le pied de Loïc écrasa désespérément la pédale du frein. Un bruit atroce éclata dans la vallée. Et le silence qui suivit fut étouffant. Élyse avait appris la nouvelle par deux gendarmes embarrassés. Les jours qui succédèrent à ce malheur, elle sembla inerte, comme morte de l’intérieur. Mais aucun de leurs amis ne manqua à l’appel et tous défilèrent pour la soutenir dans cette cruelle épreuve. Puis les jours passèrent sans qu’elle ne montrât une émotion particulière, elle restait vide de l’absence de cet homme qui avait emporté la moitié de sa vie. Elle survivait plus qu’elle ne vivait, désormais. — xxxXXxxx — Au bout de quelques mois, comme elle s’obstinait à ne plus sortir, à rester seule dans cette grande maison vide, les visites amicales s’espacèrent. Sans y prendre garde, elle se coupait du monde, pour s’emmurer dans un silence pesant. Seules les courses représentaient encore une nécessité et la sortie obligatoire qu’elles occasionnaient devenait un fardeau. Alors elle se fit livrer les produits de première nécessité, pour ne plus affronter les regards des autres. Pourquoi voyait-elle de la pitié dans ces yeux qui se posaient sur elle ? Un grand mystère que celui de cette âme féminine insondable et petit à petit la chape de plomb de son ...
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