Le secret d'Élyse
Datte: 14/09/2019,
Catégories:
fh,
ff,
cérébral,
revede,
nostalgie,
portrait,
couple,
extraconj,
... obsession l’empêchait de vivre, d’affronter la réalité. Il lui était bien plus aisé de se traîner dans les pièces aux souvenirs, dans ce mausolée à la mémoire de cet homme qui l’avait abandonnée. Puis un matin, fiévreuse et à la limite de l’hystérie, elle se mit à parler à ce qui l’entourait. La chaise où son mari prenait place, avant. Au salon aussi où ils avaient vécu tellement de beaux moments ; puis au lit qui avait connu leurs plus beaux ébats, là où si souvent ils avaient flâné… tout était sujet à le revoir, à lui dire des secrets que seuls des amants pouvaient entendre et comprendre. Son esprit torturé la rongeait de l’intérieur et insensiblement, elle s’enfonçait dans les méandres d’une folie ordinaire. Son jardin pourtant trouvait grâce à ses yeux et là, bien à l’abri du monde, elle entretenait ses rosiers, ses légumes, les couvant de ses gestes si tendres dont personne ne bénéficiait plus. Jusqu’à ce fameux matin où l’épine fourbe vint perfidement se ficher dans sa chair. Puis le reflet du miroir qui était venu compléter un réveil plutôt brutal. L’image affichée, par le biais d’une toison abandonnée, parachevait le tableau de cette femme fanée. Elle se surprenait à se parler et la surface lisse et sans concession lui renvoyait une effrayante face d’elle-même. Ce sursaut violent fit d’Élyse un pantin, une larme coula le long de sa joue, que d’un revers de main rageur elle essuya en reniflant. — Eh bien ma fille ! Te voilà bien moche… il te dirait quoi ton Loïc, de ...
... te voir si… vilaine ? Ressaisis-toi, pour lui, parce que même s’il n’est plus là, il doit se désespérer de voir ce spectacle pitoyable que tu offres. Ces mots sonnaient dans la salle de bain avec une sorte d’écho dans le reste de la demeure. Alors, mue par une sorte de réflexe, la femme brune se débarrassa de ses oripeaux nocturnes pour se glisser sous le jet tiède d’une douche agréable. Le plaisir de l’eau, celui qu’elle prenait à seulement se couler sous la pomme dégoulinante, si longtemps oubliée, refaisait surface d’un coup. Elle terminait ses ablutions avant de se saisir d’une paire de ciseaux et d’un rasoir. Le moment de se réveiller avait donc sonné. — xxxXXxxx — Tout d’abord le blaireau mouillé tournoya dans le bol, sur la surface blanche d’un savon à barbe. Puis le pinceau vint par petites touches, noyer de mousse les poils que l’œil d’Élyse avait jugés disgracieux. Après plusieurs passages sur la toison aux reflets bruns, la lame du rasoir entra en action. Lentement, évitant les gestes trop brusques, pour ne pas se couper, la main officiait sur le pelage savonneux. Une longue traînée glabre se fit jour et tout doucettement l’endroit reprenait une forme maîtrisée. Celle d’un triangle bien dessiné. Une fois cette géométrie retrouvée, la femme raccourcissait les mèches restantes à l’aide de ses ciseaux. Elle chassait aussi de son crâne un souvenir revenu là par quelque magie. Bien sûr, cette opération était auparavant effectuée par son Loïc et son ventre assimilait ce ...