1. Médecin dans une prison de femmes (I)


    Datte: 17/09/2019, Catégories: médical, noculotte, journal,

    Pour mon premier jour dans mes nouvelles fonctions, je ne m’attendais pas à un environnement excitant, c’est la nature du lieu qui veut ça, pensais-je en traversant le porche massif taillé dans une pierre sombre. Cet endroit va devenir mon quotidien. Ces gens qui m’observent derrière leurs vitres de protection, ces grincements de portes, ces serrures qu’on ouvre et qu’on ferme, vont devenir mon environnement professionnel. La pièce est encore plus triste que je l’avais imaginée, le bureau à caissons en métal d’un gris délavé par l’usage et le temps, la chaise au piètement métallique cintré, avec une assise en skaï vert, le matériel technique dont l’émail blanc sale est tuméfié d’écailles noires, le lit avec sa manivelle et son matelas recouvert de plastique blanc craquelé, parsemé d’auréoles jaunâtres, sont sinistres. L’armoire à produits ne possède plus de vitres et, dans le coin, un paravent achève de s’affaisser, découvrant un lavabo jauni et crasseux qui a dû être en porcelaine blanche, autrefois. Pas de savon, pas de serviette, pas de matériel jetable. Madame Chef ne s’attarde pas sur les détails, et ne fait que m’informer des consignes de sécurité. Je me retrouve seul dans mon nouveau cabinet à la prison des femmes de M. Ma première consultation est prévue en début d’après-midi. Je mets à profit la matinée pour faire l’inventaire du matériel et la liste de mes besoins. Je nettoie le cabinet et prépare des fiches vierges, réceptionne produits et fournitures. Je sors ...
    ... pour prendre mon repas dans une gargote près de la prison. Me voici de retour, expérimentant le dédale des couloirs et des serrures. Je rejoins mon bureau. Madame Chef me transmet la liste des détenues inscrites pour la visite médicale. Je la signe. Madame Chef m’informe que les détenues vont arriver une par une. On frappe à la porte, j’ordonne d’entrer, et une femme aux cheveux défaits, vêtue d’un survêtement de sport, les pieds dans des mules en feutre, fait son entrée. La gardienne Chef me donne son numéro matricule : RF21345, sur sa fiche je lis : Geneviève R…, 53 ans, réclusion criminelle. — Bonjour Madame !— Bonjour Chef, me répond-elle.— Non, Madame, appelez-moi Docteur.— Bien Docteur, dit-elle en levant les yeux sur moi.— Qu’est-ce qui vous amène au dispensaire? lui demandais-je.— Je dors mal répondit-elle. J’ai étudié les pathologies carcérales avant d’accepter ce boulot et les troubles du sommeil sont la cause principale de demande de soins en prison. Je suis un praticien scrupuleux et alors qu’elle s’attend à ce que je lui prescrive les neuroleptiques auxquels elle était visiblement accro, je lui déclare : — Bien, à présent je vais vous ausculter.— M’ausculter ? Ici ? s’exclama-t-elle.— Oui, Madame, nous sommes dans un cabinet médical, que je sache, je vous en prie, prenez place sur la table d’examen. Elle se lève et va s’allonger sur la table, pendant que je remplis une fiche à son nom. En levant les yeux, je suis surpris de la voir toute habillée. — Enlevez le haut ...
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