1. Nikki


    Datte: 01/10/2019, Catégories: inconnu, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme confession, lieuxpubl,

    ... laisse quelques mèches s’échapper de son chignon desserré. Ça y est, je la possède toute entière entre mes doigts. Je la connais maintenant si bien, que je peux m’abandonner à sa contemplation et tenter d’en savoir plus sur ses pensées. Elle s’éloigne dans la salle suivante un peu plus obscure. Mon fils s’impatiente. Cette exposition est riche et belle, pas trop de gens non plus, d’agréables conditions pour approfondir son œuvre. Je déambule devant les peintures, les sculptures, les totems, mais je ne peux m’empêcher de la garder à l’œil et de l’observer de loin. Mes pas me portent vers elle, et je m’approche de dos. Je fais une pause encore à distance, et l’écoute commenter le jeu des matières, le choc des couleurs, les raisons de l’obésité exagérée, qui dénature la beauté et la protège ainsi naturellement des agressions. Je l’entends évoquer avec des mots choisis son histoire d’artiste et son rapport à son père. Je décide de faire un pas de plus et de rentrer cette fois dans sa zone d’alerte à portée de bras. Je reste immobile et silencieux à humer son parfum et tenter de le reconnaître. Elle m’a entendu, elle doit sentir ma chaleur, ma proximité, mais son tocsin n’a pas sonné, elle ne s’est pas sentie agressée. Ses réflexes primaires ne l’ont pas incitée à la fuite. Elle ne m’a pas rangé dans la catégorie des prédateurs. Elle ne bronche pas et se penchant à l’oreille de son fils manque de me toucher de son derrière. Je vois clairement le grain de sa peau délicatement ...
    ... bronzée, d’un pain d’épices clair qui met l’eau à la bouche. J’ai furieusement envie de saisir sa nuque gracile. Je suis au supplice, la sensation est intenable. Je m’éloigne et vais me poster à la sortie de la salle. C’est à son tour si elle le souhaite, de continuer ce ballet muet des corps : elle pourra choisir le tableau de droite ou de gauche pour quitter cette salle et rentrer dans la suivante où est projeté un film de Nikki, et ainsi venir se poster dans mon dos, ou alors s’éloigner. Je me concentre sur mon tableau, le temps est long, je rêve, mon esprit vagabonde. J’essaye de retrouver dans ce visage balafré de couleurs, le visage si pur de Nikki, crier son mal-être. Mon fils m’a abandonné pour aller explorer les salles suivantes. Il est impatient de partir et de rejoindre ses amis. Dans le doux murmure de la salle, je discerne parfois ce que je crois être le bruit de chaussures à talons. Un pas, deux pas, trois pas, un arrêt. Un pas, deux pas, trois pas et là voilà. Pas possible de savoir, sans se retourner, si elle s’approche ou s’éloigne, la musique de ses pas que je crois reconnaître est troublée par le bruit des autres visiteurs. Je m’abîme dans la contemplation, je n’entends plus rien. Le temps passe et puis tout d’un coup, j’en suis certain, elle est là dans mon dos, assez près pour que je sente son parfum. Elle a donc choisi le tableau de gauche. Je ne bouge pas, tout à mon bonheur. Je crois sentir aussi la chaleur de son corps. J’entends sa voix, claire et chaude ...