1. Train de nuit, train du désir (2)


    Datte: 07/10/2019, Catégories: Erotique,

    ... plus loin, l’air incrédule, attendant sans doute de voir le splendide râteau qui m’était promis. Nous sommes restés face à face de longues minutes, partageant ce moment de silence. Finalement, elle s’est levée. — Il faut que j’y aille, a-t-elle dit. Merci pour votre présence. Vous m’avez fait du bien. — Mais de rien ! Vous serez là, demain ? Elle a haussé les épaules. — Pourquoi pas ? Mais je ne vous promets rien. Le lendemain à la même heure, je suis revenu dans le bar. Fidèle à l’hypothétique rendez-vous, ayant fait un effort vestimentaire sous la forme d’une veste que je réservais pour les entretiens de stages, et quitte à sécher un cours qui pourtant me passionnait. Mais moins qu’elle, qui est finalement venue. Comme la veille, elle avait l’air triste, mais son visage s’est soudain transformé, car elle a souri en me voyant, et s’est directement assise à la même table que moi. Après un moment de silence, comme la veille, les yeux dans les yeux, sans me démonter, je lui ai dit franchement ce que je voulais, à savoir lui brouter le minou, et devant la candeur de ma proposition, elle a d’abord ri. Un instant, j’ai cru qu’elle se moquait de moi, pour avoir dit une énormité. Dans mes nuits d’insomnie, j’entends encore la fraîcheur de son rire qui ressemblait à celui d’une petite fille à laquelle on raconte une histoire amusante. Puis elle m’a confié, en me chuchotant à l’oreille, que jamais je n’accepterais d’approcher mon nez de cet endroit d’elle, à cause d’une odeur ...
    ... qu’elle qualifiait d’impossible à supporter, d’autant qu’elle était « indisposée ». Elle a dit aussi des mots que je n’ai pas bien compris, ou qui m’ont semblés incongrus, comme « je ne dois pas être normale » ou quelque chose d’approchant. Je lui ai répondu que si elle était elle-même gênée à cause de cela, je la comprenais, mais que pour ma part, j’étais sincèrement prêt à tout affronter. Alors, en haussant les épaules comme elle l’avait fait la veille, comme pour dire « à quoi bon ? », elle a accepté, en disant juste « pourquoi pas ? ». Je n’ai jamais su beaucoup de choses sur elle, sinon que son prénom était Cécile et qu’elle était mariée, en témoignait l’anneau à sa main gauche. Nous sommes allés chez moi, c’est-à-dire chez ma mère, car cette année-là, dans mon parcours estudiantin un peu chaotique, je logeais à nouveau chez celle qui m’a donné le jour. Elle était un peu estomaquée de voir accueillie dans ma chambre une femme qui pourrait être sa sœur, car elle se doutait bien que la dame ne venait pas pour jouer au Scrabble, et elle avait sans doute vu l’alliance aussi bien que moi. Mais elle savait aussi que chercher à me retenir ne servait à rien – nous serions allés ailleurs, chez elle ou bien à l’hôtel, voire dans le local poubelle de l’immeuble, mais jamais je n’aurais renoncé, quitte à ce que ma maman chérie me fasse la tête pendant des jours entiers et qu’il me faille lui offrir des fleurs pour nous réconcilier. À compter de ce jour-là, et jusqu’à ce que je quitte le ...