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La balade
Datte: 09/09/2017, Catégories: inconnu, sport, forêt, caférestau, volupté, cérébral, nopéné,
... nos pieds. On aurait dit qu’il avait vécu en ces temps reculés, où les hommes édifiaient des monuments à la force de leurs poignets avec pour seuls outils leur volonté et une inextinguible foi. Gianni avait le don de nous faire vivre ces temps de pauvreté et d’austérité avec un réalisme surprenant. Nous étions tous trois suspendus à ses lèvres dans un silence quasi religieux, et lorsque sa voix se tut un long silence s’ensuivit, instant d’éternité suspendu dans son envol que personne ne voulait rompre. Après de longues minutes, c’est Bruno qui s’est décidé le premier. Nous étions tous accoudés au parapet, Bruno entre Alice et moi, et Gianni à côté de moi. Bruno nous a toutes deux enlacées, sans un mot qui aurait d’ailleurs tout gâché. On s’est alors noyés dans les yeux les uns des autres et Gianni a fermé le cercle. On est restés ainsi un long moment, Alice et moi avons joint nos mains à cette quadrature, et elles ont toutes commencé une ronde pourtant si connue, mais si agréable à partager à la découverte de territoires inédits. La communion tant des esprits que des corps était au rendez-vous, nous nous laissions doucement aller à cette sensation de déjà-vu, à cette attente de ce que nous savions dès lors tous qu’elle nous emmènerait au-delà du verbal. On a resserré le cercle, on a laissé nos hanches happer celles de nos voisins, des mains se sont rejointes derrière les dos et les lèvres se sont assemblées dans un doux mélange. Les sens en émoi, l’un de nous a donné le départ imperceptiblement et nous avons formé une joyeuse ribambelle jusqu’à l’hôtel. Les deux vieilles filles suisses allemandes de la chambre adjacente rougissent encore aujourd’hui de tout ce qu’elles ont entendu cette nuit-là…