1. Le manteau


    Datte: 17/10/2019, Catégories: fh, jardin, volupté, Voyeur / Exhib / Nudisme

    ... dans celui plus délavé de l’homme. Il a des yeux gris bleu, fort pâles, comme de l’eau dans laquelle elle adorerait se baigner nue, sentir la caresse sourde de l’élément liquide sur sa peau, sa douceur sur elle, en elle. Une ligne rouge, songe-t-elle, comme disent les japonais, une ligne rouge les relie. Lui aussi semble rivé, lié, enchaîné. — Ah non !! s’exclame-t-elle en elle. Un mouvement de foule se glisse entre eux, rompant la ligne rouge. Des gens sans gêne coupent impunément le chemin jusqu’à lui, des gens obscurs, inutiles, pesants. Dépitée, elle serre les dents, mais la vague s’épaissit, lui barre la vue. Elle s’approche quand même, essaye de contourner cette marée humaine incongrue. La masse est toujours là, plus forte qu’elle. Elle se recule un peu, désemparée, cherchant à contourner cet obstacle imprévu. Elle part vers la droite, elle se sent stupide. Le flot s’amenuise, elle fronce des sourcils, quelque chose ne va plus, quelque chose semble cassé. La marée est partie, l’homme n’est plus là. Elle se sent encore plus stupide. Abasourdie, elle s’approche du banc pour s’assurer de son absence. Elle n’en revient pas. Interloquée, elle reste plantée sur place, puis elle découvre un petit papier plié coincé dans une rainure du banc. Sans retenue, elle s’empare du mot et y lit : Fontaine des 3 grâces. L’écriture est élégante, les boucles des lettres bien faites et affirmées. Elle croit y lire une invitation impérative, presque un ordre. Elle range le papier dans sa ...
    ... poche, la fontaine en question n’est pas loin, deux rues plus loin, plus à l’écart, dans un petit square. Elle hésite, perplexe. La première rue est là, à deux pas, au coin du parfumeur, une petite rue avec déjà moins de monde. Ses talons claquent sur les pavés. Les vitrines défilent, elle n’en a cure, elle remonte la petite voie. Elle s’engouffre dans la deuxième rue, encore plus déserte, avec quelques rares magasins. Elle s’arrête d’un coup en plein milieu. — Mais qu’est ce que je fais, moi !? Je suis folle ou quoi ? Elle se retourne, il n’est pas trop tard pour replonger dans la grande rue piétonne bruissante, dans la foule, dans les reflets des vitrines. Elle tourne la tête, son visage se reflète dans la devanture d’un antiquaire. — Je ne suis encore pas si… Elle n’ose pas achever sa phrase. Ça lui fait tout drôle de se voir parmi les vieux meubles, les chaises défraîchies, les fers rouillés. Elle prend une grande respiration puis, d’un pas moins assuré, continue sa route dans la rue déserte. Le square est face à elle, un havre d’arbres et de buissons, la fontaine des trois grâces plantée au milieu. Derrière un banc, elle croit apercevoir la silhouette de l’homme. Frémissante comme une débutante lors de son premier rendez-vous, elle s’approche, s’apprêtant à contourner la fontaine. Il est là. Son regard est à la fois doux et avide. La confiance revient en elle comme une vague, un fin sourire s’affiche sur ses lèvres rosées. À nouveau vingt mètres, les cailloux crissent sous ...