1. Addicte (7)


    Datte: 09/09/2017, Catégories: Lesbienne

    Le toc-toc à la porte me tira d’une bienheureuse léthargie. Le manque de sommeil me laissait dans un flou artistique illuminé par le soleil matinal à travers la vitre. Où étais-je ? Quelle heure était-il ? Une poignée de secondes suffirent à replacer les évènements dans leur contexte. – Entrez, signifia un timbre chaleureux bercé par un accent reconnaissable. Engoncée dans un peignoir, Talya délaissa la souris de l’ordinateur. L’écran géant incorporé au mur se figea sur mon portrait réalisé dans le bain après… Une silhouette poussa un chariot dans le salon de la suite. – Amenez-le dans la chambre, s’il vous plait. Une grande brune d’environ 25 ans aux cheveux mi-longs noués sur la nuque, vêtue d’un costume homme pantalon gris anthracite bien coupé, apparut dans mon champ de vision. Le sourire ne laissait rien paraître d’un quelconque jugement à la découverte de deux femmes ensemble. Le chariot roulant chargé de douceurs oublié sans un regard sur notre univers, elle disparut en nous souhaitant une bonne journée. À l’intonation de sa voix, Talya était réveillée depuis un bon moment. Elle appuya sur une touche du clavier avant de se tourner vers moi. Les images dont j’étais l’unique sujet défilèrent à l’écran, certaines rappelèrent quelques souvenirs accompagnés d’un regret dont je mesurai l’immensité de l’amertume. – Je suis désolée de m’être endormie… – Chut, signifia un doigt en travers de la bouche sensuelle. Tu avais besoin de repos, c’est tout. Ce n’était pas une excuse. ...
    ... L’impression d’avoir tout perdu martelait mon cerveau, une franche gueule de bois aurait été préférable à cette impression de gâchis. Je voulais lui faire l’amour, m’endormir dans ses bras, me bercer dans son corps chaud de notre étreinte puis me réveiller de même. Rien de cela n’encombrait ma mémoire ce matin, rien ne remplissait la détestable sensation de vide. – Tu as dit que tu m’accordais ce week-end ? tempéra Talya en approchant le chariot du lit. Alors savoure les choses comme elles viennent. À commencer par le délicieux petit déjeuner qu’elle prépara avec un soin méticuleux, presque solennel. – Thé ou café, ma chérie ? La douceur de la voix tranchait avec l’espièglerie du regard. – Café au lait s’il te plait, avec un sucre. – Prends des forces, préconisa Talya mystérieuse en me tendant un plateau garni, on va faire du sport ce matin. Fini le temps des cerises, les miséreux avaient disparu depuis longtemps ; pourtant, les paroles de la chanson ravivaient inlassablement les souvenirs de scènes cultes. Ils se nommaient Paul Albert, Chevalier de la Barre, Becquerel, Utrillo, Cotin, plus ou moins raides, étroits ou larges, longs ou courts, immortalisés par des peintres et des poètes qui parfois étaient les mêmes, les escaliers du côté Est de Montmartre restaient un des coins les plus romantiques de Paris. La foule leur préférait désormais d’autres moyens d’accès comme le funiculaire, voici sans doute ce qui avait inspiré Talya dans le choix de son terrain de jeu, idéal à la ...
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