Addicte (7)
Datte: 09/09/2017,
Catégories:
Lesbienne
... faussement agacée par l’irruption. Je te présente Axelle. Ma chérie, voici mon frère, attaché à l’ambassade de Russie. La blondeur blanchissait un peu aux tempes du quinquagénaire élégant ; néanmoins, les regards brillants d’un semblable bleu azur et la finesse des traits ne permettaient pas de douter du lien. Le timbre guttural du frère répondit en écho à la voix chaude de la sœur, il s’installa avec désinvolture. – Impossible de me libérer hier, désolé, j’en ai eu l’écho dans la presse. Tu restes longtemps à Paris ? J’appréciai l’échange en français par prévenance envers moi. Le savoir vivre russe se vérifiait dans les moindres détails. Le serveur déposa une bouteille de vodka dans un sceau à glace accompagnée de trois petits verres de 5cl. – Je suis attendue à Londres lundi mais le sujet de ma prochaine exposition est ici, on aura le temps de se voir. Dimitri remplit les verres, il vida le sien d’une traite, aussitôt imité par sa sœur. Une petite gorgée d’alcool suffit à me brûler la gorge. – Comment se porte notre mère ? demanda Talya d’une voix dépourvue d’assurance en servant une nouvelle rasade dont je fus par chance exempte. Elle me manque. – Ça va. Mamotchka t’aime, petite sœur, elle finira par s’y faire. Les verres vides furent aussitôt remplis, le mien y compris, une troisième tournée en moins de cinq minutes, je me demandais pourquoi le proverbe prétendait « boire comme un Polonais ». – Tu restes déjeuner avec nous ? proposa Talya pleine d’espoir. Dimitri avala la ...
... nouvelle rasade avec assurance puis se leva après avoir coincé un billet de 200 euros sous le sceau à glace. – Impossible aujourd’hui, je dois y aller. Préviens-moi de ton retour à Paris, on se fera une petite fête. Il embrassa sa sœur sur le front, baisa ma main avec délicatesse, puis se fondit dans la foule colorée de la place du Tertre. J’aurais supposé avoir rêvé sans la bouteille de vodka à moitié vide. – Nazdrovie ! trinqua mon amie. Le sourire forcé peinait à masquer la perte d’assurance. La venue de son frère avait révélé un malaise familial ; néanmoins, je me refusais à l’interroger sur le sujet malgré le désir de savoir. – L’homosexualité n’est pas bien vue en Russie. J’adore ma mère mais elle rejette mon orientation. Notre dernière rencontre remonte à quinze ans. Talya m’apparaissait fragile, la notoriété ne la protégeait en rien des aléas de la vie, bien peu de gens avaient pu la découvrir ainsi. Je me retins de la prendre dans mes bras afin de la consoler. J’osais à peine imaginer la réaction de mes parents. L’idée d’une éternité sans les voir me révoltait, comment se préparer à une telle éventualité ? – Encore un ? proposa mon amie, la main sur la bouteille de vodka. Mon refus ne l’incita pas à la sagesse, elle s’octroya une nouvelle rasade avant de chercher le garçon du regard. – Allez ! On va manger. L’idée me parut excellente. Le malaise s’envola avec l’arrivée des premiers plats. Talya dévora d’un bel appétit sa salade composée, ses rires interpellaient sur ...