To be or not to be (3)
Datte: 26/10/2019,
Catégories:
Transexuels
Je me réveillai le premier en début d’après-midi, la bouche pâteuse et Woody Woodpecker dans ma tête. Ma tenue de la veille encore sur le dos mais passablement froissée, je préparai le café, ce qui fit venir mes hôtes. — Tu me rendras mes vêtements ? demandé-je à Marianne. — Oui, je te les mettrai dans la salle de bains. — Parfait. Merci. — Euh, où tu as mis mes fringues ? — Sur le panier de linge sale. — J’ai bien vu, mais c’est de ceux-là dont je parlais. — Je sais. Mais aujourd’hui encore, tu vas répéter ton rôle de Chloé. — C’est nécessaire ? — Non, mais c’est mieux si tu veux vraiment avoir l’air crédible sur scène. — Mouais, si tu le dis. Et tant qu’on y est, je peux vivre en fille jusqu’à la dernière représentation. Marianne eut encore ce sourire bizarre. — Ben, maintenant que tu en parles, je pense que ce serait mieux. Il faut que tu deviennes Chloé et pas seulement jouer Chloé. — Tu ne crois pas que tu pousses le bouchon un peu loin ? — Tu dis ça, mais je suis persuadée que tu penses comme moi. Je ne répondis pas. Le pire, c’est qu’elle avait raison. Etonnamment, Fabien n’intervenait pas, restant spectateur, ou comptant les points. Comptage qui n’était pas en ma faveur. Je me résignai donc à suivre les conseils de Marianne. Je pris ma douche et passai une robe à fines bretelles. On passa encore la journée à Paris. Marianne, et parfois Fabien, me reprenait sur mes postures. Je n’étais pas encore Chloé mais ça prenait forme. En fin d’après-midi, ils me ramenèrent chez ...
... moi. J’étais toujours habillée en fille. Dire que mes parents furent surpris de me voir ainsi est un euphémisme. Mais on –surtout Marianne– leur expliqua le comment du pourquoi. — Alors si c’est pour la pièce, ironisa Maman — Heureusement que ce n’est pas un rôle de tueur en série, railla papa avant de replonger dans son journal — On se retrouve mercredi ? dit Marianne. — Oui, mercredi. Elle me fit la bise, comme d’habitude et contre tout e attende, Fabien aussi, me laissant bouche bée. La semaine repris. Maman travaillait comme secrétaire dans le collège de la ville. Papa, lui était ouvrier spécialisé chez Renault et faisait les deux-huit. Conformément aux conseils de Marianne, je m’habillai exclusivement en fille. Par contre, le plus dur était le maquillage. Et comme je n’arrivais à rien, je me contentai de rouge à lèvres et d’un peu de mascara. Les premières sorties en public en solo furent pénibles. Tout le monde me regardait de travers avec des sourires plus ou moins moqueur et je dus me justifier. Puis cela rentra dans les habitudes et les commerçants jouèrent le jeu. Mes journées se passaient principalement au téléphone à démarcher les municipalités pour vendre mon projet. Ce qui était loin d’être simple. Pas facile de convaincre qu’une pièce dramatique jouée par des amateurs puisse intéresser un public. Il était plus facile de réserver la scène pour un vaudeville aux portes qui claquent et joué par des acteurs connus, voire reconnus. Je prenais donc rendez-vous avec ...