1. To be or not to be (3)


    Datte: 26/10/2019, Catégories: Transexuels

    ... passer un nouveau cap dans ma transformation. Et par moment, j’avais l’impression de prendre du plaisir à être une fille. Constatation qui me laissait un goût amer. Au matin, maman remarqua ma poitrine artificielle sur laquelle j’avais bataillé ferme pour l’emprisonner dans un soutien-gorge. Elle ne fit aucun commentaire. Papa sourit en secouant la tête, moqueur. Le grand soir de la première arriva. J’avais un trac monstre et je crus un instant que mes vieux démons accrochés à ma timidité refaisaient surface. Mais non, c’était juste la présentation d’un projet que j’avais mené de bout en bout. Ce soir, le public, le jury, impitoyable ou condescendant, me dirait si j’avais bien fait de me lancer dans une telle entreprise. Je jetai un dernier coup d’œil à la salle qui se remplissait doucement. Je repérai mes parents, les amis, les voisins qui avaient eu la gentillesse de payer le modeste prix du billet. On joua la pièce, sans couac ni trous de mémoire. Dans la scène fatidique, je me jetai sur Fabien pour l’embrasser puis mon personnage mourrait, préférant se perdre dans les flots plutôt que dans un amour perdu ou impossible. Nous allâmes à la rencontre du public à l’occasion d’un pot. Nous reçûmes quelques félicitations et beaucoup d’encouragements, nous souhaitant toute la réussite du projet. Certains s’étonnèrent lorsqu’ils comprirent que Chloé était un garçon, saluant la performance même si l’idée du travesti les dégoutait un peu. Joëlle, l’esthéticienne, contrairement à ce ...
    ... que j’avais pensé, avait assisté à la représentation et me félicita chaudement pour le réalisme de mon interprétation. L’automne arriva, jonchant les rues de feuilles mortes balayées par un vent froid avant d’être ramassées par des machines bruyantes. Cela faisait longtemps que les balayeurs ne balayaient plus ni ne maniaient de pelles, même s’ils se levaient toujours à cinq heures. Je continuais de vivre en fille, toujours pour rester imprégnée de mon personnage. D’ailleurs, tout le monde m’appelait Chloé. Je découvris aussi les collants et testai les bas autofixants. Mais je leur préférai de loin les pantalons bien plus pratiques. Mes petits hauts légers firent place à des pulls et des manteaux. Mes sandales furent rangées dans le placard pour des escarpins ou des bottines que l’on me poussa à acheter avec un peu de talons. On jouait notre pièce jusqu’en juin, date à laquelle on avait décidé d’arrêter pour laisser Marianne et Fabien terminer leurs études. Tous les deux avaient décidé de garder le théâtre comme un loisir mais avaient décidé que ce serait trop compliqué d’en vivre. gxqgzzsm On joua notre dernière représentation là où on avait joué la première. La bouche était bouclée. Et pour fêter cette dernière on décida de faire la fête. Restau, boite de nuit. On rentra au petit matin. Marianne, fatiguée, alla se coucher directement. Je restai avec Fabien qui me proposa un verre. J’avais déjà passablement bu. Mais un verre de plus ou de moins, qu’est-ce que je risquais ? ...