1. Ouarda et la sensuelle lutte des classes


    Datte: 27/10/2019, Catégories: fh, hplusag, extracon, Collègues / Travail hotel, photofilm, Oral pénétratio, yeuxbandés, vengeance,

    Une Mercedes s’arrête au bout de la rue du Lac Montana, à quelques mètres du quai ensoleillé et fleuri du lac de Tunis. La portière de la limousine s’ouvre et un homme de taille moyenne descend. Il porte un costume gris sans cravate, une chemise Lacoste bleu ciel. Au milieu de la quarantaine, ses cheveux gris lui donnent dix ans de plus. Dès qu’il met un pied à l’intérieur du café Chiche Khan, le patron braille : — Chicha pour Si Omar Jabeur, vite, Ahmed.— Salut, dit Omar au patron plié sur sa caisse à compter ses sous.— Tout seul aujourd’hui ? s’enquiert le patron. Ça va pour Si Omar Mattou ?— Il sera légèrement en retard, il me rejoint tout à l’heure. S’il y a un coin sur terre où Omar Jabeur se sent vraiment débarrassé de tous ses soucis, c’est bien la terrasse du café Chiche Khan. Lorsqu’il est carré dans son fauteuil et quand sa chicha aux pommes bat son plein régime, il peut enfin considérer le monde avec la sérénité d’un vieux sage et trouver le moment de psalmodier quelques strophes de poésie classique. Al Mutanabbi est son préféré, mais comment brosser en deux mots la condition humaine mieux que ce vers de Zouhayr :« Je suis usé par les fardeaux de la vie. Et après quatre-vingts ans, croyez-moi, il y a de quoi être usé. » se dit-il en pompant son narguilé, le regard perdu dans les rides verdâtres du lac de Tunis. Il a déjà oublié son banquier qui le torture pour des traites, le chef d’atelier qui demande à doubler son salaire, son fils aîné dont les résultats ...
    ... scolaires oscillent entre mauvais et très mauvais, ses deux filles qui, petit à petit, papillonnent hors de son contrôle, et surtout ses relations de plus en plus compliquées avec sa femme. Il jette un coup d’œil sur sa montre : il est un peu plus de seize heures. Omar Mattou devrait arriver d’un instant à l’autre. Une autre bouffée de narguilé et le téléphone sonne. — Omar, t’es où ?— Oh, la circulation ! Je suis coincé à l’autre bout de Tunis, je ne sais pas ce qui se passe.— Un accident ?— Peut-être. Ne m’attends pas, je dois me rendre à l’école des enfants à dix-sept heures.— D’accord, salut.— Salut. Il dépose le téléphone sur la table et jette un regard circulaire autour de lui. Assise à la table à côté, une jeune femme lui fait un sourire. Il lui répond par un froncement de sourcils et retourne pomper sa chicha. Mais le sourire de la jeune femme est resté suspendu, en arrière-plan de sa mémoire. Il remue légèrement sur sa chaise, fait semblant de fouiller dans sa poche, se pince les lèvres et dans le même mouvement, il la regarde en face. La jeune femme lui sourit toujours en fumant. Elle paraît ne pas l’avoir quitté du regard. Elle se lève et prend son sac à main. Il réalise que ce n’est pas la première fois qu’il croise à Chiche Khan cette grande brune aux lèvres rouges et aux yeux clairs. Dans son déplacement, ses cheveux légers s’envolent pour former un brouillard autour de son visage fin et raffiné.« Belle, se dit-il,mais pas de quoi se réveiller trop tôt pour ne pas ...
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