Boîte Vocale
Datte: 12/12/2019,
Catégories:
fh,
jeunes,
Collègues / Travail
amour,
nonéro,
mélo,
policier,
québec,
coupfoudr,
... mon portable sonne pour me convoquer à une rencontre surprise, le soir même, dans une ruelle pas très loin de chez moi. Il y a quelque chose de bizarre là-dessous, mais mon cœur, qui ne se fatigue pas de battre si vite, l’ignore. Et je me prépare avec entrain, me dandinant et partant en claquant la porte. Dans la ruelle, ni Tommy, ni Georges ne sont là. Mais Marcel y est, avec trois autres hommes. Mon patron est assis sur le capot d’une grosse Américaine, entouré de ses trois gardes du corps. Je comprends. Et au même moment, deux hommes me saisissent aux épaules pour me jeter par terre. En très peu de temps, mon visage se tuméfie, j’en perds des dents et ma bouche ne goûte plus que le fer. — Tu pensais me doubler, espèce de p’tit criss de rat ? Je crache par terre et hésite à répliquer, plié en deux dans une flaque d’eau croupie. Son pied ne me laisse pas le temps de répondre et me coupe le souffle. J’ai la tête qui tourne et mes yeux cherchent la lumière comme mes poumons cherchent l’air. En me redressant, je me retrouve nez à canon avec un pistolet trop chromé. — J’espère qu’tu sais que le fait que j’puisse plus te faire confiance va m’obliger à te tuer ce soir ? J’ai plus ou moins envisagé cette possibilité-là. — Avoir su, j’aurais fait plus attention. On me saisit par les cheveux. — P’tit comique, hein ? Il me crache son odeur de cigarette en plein visage et je me rends compte comme ça pue et que c’est dégueulasse. — Décidément, tu m’as convaincu d’arrêter de fumer. Je ...
... passe nonchalamment une main meurtrie devant mon nez pour chasser l’odeur. J’en reçois un coup de poing qui me fait tomber encore par terre. Je tousse mes tripes. — Je te laisse un dernier appel pour que tu dises bonjour à ta mère. Je lève mon majeur le plus haut que je peux. Il me pousse du pied et braque son arme sur moi. Vautré sur le dos dans la fange, je regarde la circonférence parfaite du canon et la main qui le tient. Il me lance mon téléphone au visage. — Fais ça vite. Je regarde le téléphone, hébété. « Qui je peux bien appeler ? » Et je n’ai qu’une envie, une pensée. La voix de Carolina. Une voix que je sais pouvoir être douce et calme et qui peut me faire accepter n’importe quoi, même l’idée de ma propre mort. Une voix dont je ne peux plus me séparer, une voix qui me rappelle tout ce que j’ai vécu en un mois et tout ce que j’aurais pu vivre encore. La voix d’une femme, d’une mère peut-être. La voix attentionnée, rieuse. Sa voix, qui parle comme parlent ses yeux et qui va me manquer. Carolina. Qu’est-ce que je peux bien lui dire ? « Je peux pas venir lundi, je vais être mort ? » J’aimerais qu’elle ne m’aime pas. Mais de savoir qu’elle m’aime me fait encore plus regretter tout ce que j’ai manqué. Elle a ébranlé ce que je suis, elle a détruit ma carcasse pourrie et maintenant que je me sens mieux, je glisse dans un trou qui m’éloigne de sa main. Mes yeux s’embuent. Mon menton tremble. Je compose le numéro et regarde le ciel. —Hey ! Vous avez bien rejoint le cellulaire ...