La goutte de sueur
Datte: 30/12/2019,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
hotel,
Oral
mélo,
regrets,
occasion,
Comme à l’habitude, j’avais accueilli dans la plus complète indifférence la décision de mon entreprise de m’envoyer deux jours en stage dans la couronne parisienne. Je savais pourtant que j’allais faire de nombreux envieux car je serais accompagné de Noémie, une jolie brune piquante que tous les mâles draguaient, sans succès, depuis son arrivée dans cette PME il y a un an. Mais quitter le sud-ouest quelques jours pour côtoyer Noémie, tout cela ne me concernait pas, ne me concernait plus. J’étais au fond du trou depuis cinq ans et je n’avais plus la force de remonter. Pire, je n’en avais plus l’envie. ----- Pourtant, la vie n’avait pas toujours été aussi ingrate pour moi. Je peux même dire qu’elle avait plutôt bien commencé : une enfance heureuse près de Bordeaux, des études brillantes en informatique et des jolies filles en permanence dans mon entourage. À vingt-cinq ans, quand j’avais rencontré Annie, le coup de foudre avait été immédiat et réciproque. J’avais su aussitôt que ce serait elle et pas une autre. Je l’avais épousée rapidement et commencé une nouvelle vie. La première avait été douce et heureuse, la deuxième fut somptueuse. Le bonheur avec Annie et nos deux enfants était incommensurable. Mais tout s’était arrêté le mardi 25 septembre 2002. J’étais parti à mon travail, le cœur léger comme les autres jours. Mais le soir, en rentrant, je n’avais trouvé personne. La police était arrivée rapidement et j’avais tout de suite compris, avant qu’elle ait dit un mot, que ...
... j’étais désormais seul au monde. Un chauffard avait brûlé un feu rouge et envoyé la voiture de mon épouse contre un arbre. Les pompiers avaient retiré du véhicule les corps sans vie des trois êtres qui m’étaient les plus chers. Sans même m’en rendre compte, je me suis laissé glisser progressivement vers le néant. Emmuré dans ma douleur, je me suis désintéressé de tout, y compris de mes amis. J’accomplissais désormais mon travail machinalement, sans la créativité qui faisait de moi un brillant ingénieur à l’avenir prometteur. Et ma troisième vie était un vide immense. Pourtant, à trente-cinq ans, j’étais resté plutôt bel homme. Je m’entretenais par un footing quotidien. Mais, en réalité, je le faisais plus parce que courir me vidait le cerveau que par désir de garder la forme. En fait c’était quasiment devenu une drogue et mes distances s’allongeaient progressivement au fil des années. Plusieurs collègues féminines, après une année de deuil, avaient bien cherché à m’accrocher mais elles n’étaient restées que des aventures sans lendemain dont je n’avais retiré qu’un plaisir fugace et aucune envie d’y revenir. Et j’avais même rapidement renoncé à ces histoires fades et sans avenir. L’arrivée de Noémie dans mon entreprise, une brunette de vingt-sept ans, avait pourtant était intéressante. Ses gros seins ronds, ses jupes courtes, sa bonne humeur, son visage avenant et son tempérament méditerranéen avaient réveillé la libido de tous les hommes. Elle avait carrément mis le feu dans ...